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Vanves

Pâques !

Deux femmes s’étaient levées alors qu’il faisait encore nuit. L’une d’elle s’appelait Marie de Magdala
Les eux femmes courraient. Quelques lueurs du jour apparaissaient au-delà des murailles de la grande ville.
Elles tenaient contre elles les fioles du parfum.
Il fallait qu’elles rendent ce dernier hommage à Jésus. Tout était allé si vite. Tout fut tellement horrible. Elles avaient soutenu Marie la mère de Jésus, comme elles avaient pu… sans doute s’était-elle un peu assoupie. Le sabbat avait été long…
Elles sortaient de la nuit vers l’aurore… comme cela nous arrive, sans bien savoir à quel moment il fait jour.. les lectures entendues au cours de la vigile nous ont fait faire ce chemin de la nuit à la lumière…
Nous aurions aimé peut-être qu’elles s’achèvent plus vite… impatients de voir se lever le jour… mais il fallait entrer dans la longue attente du peuple d’Israël – génération après génération- – une longue histoire de consolation.. toujours fragile, toujours offerte.

Tout s’était achevé au Golgotha ! Dans une ultime tendresse, Jésus avait remis sa mère entre les mains du disciple le plus jeune… et plus encore… il avait remis l’humanité entre les mains de Marie.

Les deux femmes arrivent à la porte du tombeau..
Et stupeur … la pierre est roulée, le sépulcre est ouvert. Aurait-elles été devancées ?
Elles n’en croient pas leurs yeux. Le tombeau est vide. Les voilà à nouveau inquiétées.. les gardes sont pétrifiés. Les femmes ont peur ..
Un personnage de lumière vient vers elles… Eblouies… elles ne voient plus rien… Etourdies elles n’entendent pas… Qu’a-t-il dit ? en Galilée ? ressuscité ? Que veut dire ce mot nouveau …

Jésus le crucifié .. oui le même- dit le personnage, regardez : il n’est plus ici ! les disciples ? vite allons leur dire : le mort n’est plus à sa place !
Une crainte les envahie, mêlée de joie…. Peut-être ? oui peut-être !

Déconcertées, , toutes tremblantes, elles ne pensent qu’à fuir !
Elles s’en retournent en hâte … à perdre souffle …
Jésus interrompt leur course , … il est bien vivant. Elles le prennent que c’est le jardinier. Elles saisissent ses pieds … non je ne rêve pas, mais il ne se laisse pas saisir …

Tu avais raison Marie : Il est le jardinier :
– Celui du jardin du Paradis préparé par le Père pour votre bonheur et où le 1er Adam ,la première Eve ont abimé l’arbre de vie !

– Celui du jardin des oliviers à Gethsémani, où j’ai refait le cœur de l’homme en renouant le dialogue de l’humanité avec le Père dans la sueur de sang qui coulait déjà sur mon front.

– Celui du jardin de Joseph d’Arimathie où le Père dans un mystérieux silence a ressuscité sans témoin, le Fils de Dieu, à l’aube d’un jour nouveau – émerveillé du bel entêtement du Fils à aimer jusqu’au bout ses frères et sœurs en humanité. .

En Marie de Magdala, Jésus reconnaît le même entêtement à aimer… Un amour offert à tous… Elle en savait quelque chose avec son tourbillon sans répit, d’un homme à l’autre, à la recherche d’une fidélité impossible à travers une addiction sans délivrance, une asphyxie de richesses dont on ne sait plus quoi faire.
Dans une infinie tendresse il ne l’avait pas condamnée !
Elle n’avait pas pour autant renoncé à aimer !
Au fond comme chacun d’entre nous !
Qui d’entre nous serait prêt à renoncer à aimer sans perdre la vie ?… sans mourir ? Mais le paradoxe est bien mystérieux … c’est parce qu’il ne renonçait pas à aimer que le Christ est mort ! C’est parce qu’il ne renonçait pas à aimer qu’il a sauvé chacun. C’est parce qu’il ne renonçait pas à aimer que le Père est en admiration devant le Fils qui est bien le Fils de Dieu Père qui lui non plus ne renonce jamais à aimer ! C’est ce que Marie vivait encore ce matin-là.
Jésus l’appelle à nouveau par son nom Marie !

Le sien, le mien. Jacques, Pierre, Geneviève, Bathilde… ton prénom… il s’en souvient .. ce nom prononcé au jour de ton baptême et par lequel tu te laisses appeler par le Seigneur …aujourd’hui .. ; si tu le veux … en renouvelant ton engagement baptismal – Comme il le fit pour Madeleine … Il te charge d’une mission .
Allez leur dire : disciples vous me verrez en Galilée.
La Galilée… le carrefour des nations…
Vous me verrez en terre étrangère… Nous venons de l’entendre dans la première lecture des Actes avec le Centurion Corneille et Pierre qui découvre que l’Esprit Saint lui arrive avant même qu’il n’ait reçu le baptême … nous sommes en dehors des gens qui pensent comme il faut…Je vous y précède.

Chrétien, réveille-toi, toi qui dors ! Le monde, la Galilée des nations dans laquelle tu vis, n’a aucune conscience de ce qui s’est passé cette nuit-là ! Le plus grand événement de l’Histoire.
Oh ! Ils ne sont pas les seuls… pour les Apôtres il en va de même. Je m’en retourne pécher di Pierre aux autres disciples !
Chrétien, autour de toi ils célèbrent Pâques sans savoir de quoi il s’agit !

Ce matin-là d’ailleurs les Apôtres ne prennent pas ces femmes au sérieux ! Ils avaient mille raisons de les trouver folles !
Ils ne saisissent rien… comme les deux d’Emmaüs …tant ils sont abattus … non pas parce que ce sont des femmes !
Ils ont raison parce que ce mot « ressusciter » ne correspond à aucune expérience humaine face à la mort.
Et nous même chrétiens nous sommes trop habitués à ce mot. Rendons-nous compte de ce que nous disons. C’est comme dans les célébrations d’adieux quand je dis aux personnes qui sont là : Vous savez, la mort n’est pas a fin de la vie ! J’en vois certains qui se tournent vers leur voisin pour dire : il est cinglé !
Ils ont raison ! Si nous apprenions que quelqu’un que nous avons cru mort ne l’était pas, ce serait un soulagement.
Mais si nous apprenions que quelqu’un que nous avons tous vu mort, n’est plus mort … fusse un 3ème jour, il est certain que tout le monde dirait : il a perdu la tête ! Il est devenu fou de tristesse !
Aussi Pierre et Jean s’empressent d’aller vérifier le dire des femmes. Ils courent au tombeau.
Ils trouvent les choses comme elles l’ont dit ! Le plus jeune entre à l’intérieur du tombeau et il cru ! Il croit de l’intérieur, du lieu des morts … déconcertés eux-aussi ils rentrent aussitôt chez eux !

Et si je vous disais ce matin ce qui fait le cœur de notre foi… ce à quoi vous n’avez peut-être jamais pensé… si je vous disais que le retour de Jésus, le Fils de Dieu dans la Gloire du Père… par sa réalise ce qu’aucun homme n’aurait jamais pu imaginer : un homme est désormais assis à la droite du Père… est-ce que vous me croiriez encore ? Non nous n’avons pas perdu la raison !
Telle est pourtant la vérité de la Révélation que les oreilles des gargouilles de nos cathédrales entendent en chaque fête de la résurrection… au point qu’elles sont représentées immenses et démesurées lorsqu’elles entendent le récit que les sculpteurs leur donnent d’écouter chaque nuit de Pâques ! Personne n’a jamais entendu le récit de cet événement qui bouleverse notre intelligence et notre cœur !
Telle est la Gloire où Jésus Christ entraîne notre humanité et que les Apôtres ont eu tant de mal à percevoir. Elle ne pouvait s’exprimer que dans l’humilité de la condition humaine que le Fils de Dieu vécue au milieu de nous.
C’est dans l’abaissement qu’il a régné !
C’est dans la retenue de sa propre domination de la Création qu’il règne
C’est dans le pouvoir de renoncer à tout pouvoir qu’il règne !
C’est dans l’acquiescement à la liberté de l’homme qu’il règne !
C’est dans le pain que l’homme a pétri dont il fait le signe de sa présence qu’il règne !
Voilà comment Dieu a voulu être Dieu parmi nous !
Heureuses femmes qui ont été les premières à croire…

Telle est l’origine de notre histoire !
Peut-être aurions-nous aimé plus de faste… avec tambour et trompettes .. ; nous aurions crus alors avec panache … Mais nous sommes nés de la patience et de l’humilité de Dieu !

Voilà de quelle timidité et de quelle course folle du matin de Pâques, nous sommes nés au lendemain du Sabbat . C’était un premier jour de semaine. Voilà dans quelle patience de Dieu nous sommes trempés.

Il nous dit : je compte sur vous… sans vous l’espérance de fraternité à travers les frontières…portée par ce feu que j’ai allumé en vous, se perdra dans les sables. Je m’en remets à vous dit Jésus … entre vos mains. Telle est l’espérance de Dieu … Elle nous bouleverse autant qu’elle nous rend fiers !
Quelle fierté en effet de porter ce nom glorieux de chrétien !
Quelle que soit notre fonction au milieu des hommes,
nous n’aurons jamais de titre plus prestigieux que celui-là :

Chrétiens, disciples de Jésus.

Bénédictines Messe du jour Pâques – P. Jacques Turck

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