Drame prophétique !
Un anniversaire, une danse, une promesse insensée, et même un serment : alors la tête du Précurseur, Jean le Baptiste, tombe ! Un drame humain, un meurtre. Comment entendons-nous ?
« La fille d’Hérodiade plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : ’Demande-moi tout ce que tu veux, et je te le donnerai.’ Et il fit ce serment : ’tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. »
Une danse qui éblouit, des convives à éblouir, et un serment éblouissant : même la moitié du royaume ! Drame qui déchire notre quotidien et brise tant de vies… Que faisons-nous ?
En roi, Hérode joue un personnage, et se laisse aveugler par son désir de plaire jusqu’à engager sa parole sans mesure, sans discernement, sans prudence. Apparence et course au pouvoir à dénoncer au nom même de l’humanité la plus humaine.
Là s’infiltre le mal, le mal à l’état pur, le mal qui tue, le mal qui habite le cœur d’Hérodiade, mise à nue par le Précurseur. Il ne dénonce pas pour juger, mais pour appeler à la conversion. Il indique le mal, comme il montre la Lumière qui vient luire dans les ténèbres. En prophète, il parle. En prophète, sa mort crie en silence la vérité qui libère.
Le récit s’arrête brusquement, au cœur de l’horreur gratuite : on apporte la tête de Jean, sur un plat, et le corps est déposé par ses disciples dans un tombeau. Arrêt brutal du récit, arrêt brutal de la mission. On tue le prophète, sa parole continue…
Stupeur et horreur dominent, le pas de danse conduit Jean à la mort et la mort au tombeau, grain jeté en terre avant le Maître pour crier dans les enfers que la vérité viendra à la lumière, que la Vie sera plus forte. La victoire de l’Agneau sera danse de joie pour tous les hommes appelés à la conversion. Et pour nous que signifie ce drame enfoui devenu prophétie du royaume ?
Jean a été la voix qui annonçait la Bonne Nouvelle : « Voici l’Agneau de Dieu ! » Sa mort en martyre chante la puissance de la vie et ouvre toute danse à la Vie.
Oserons-nous entrer dans cette danse-là traversée de nos réalités quotidiennes, ivraie, bon grain ?
Un pas de danse, celle de l’Alliance,
au son du chant du rescapé :
« Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie ! » (ps 29)
