Bon, enraciné ?

Deux images fortes pour ce samedi bien incertain et tourmenté, un arbre que l’on reconnaît à ses fruits et une maison que l’on apprécie à ses fondations… Quelle image spontanément parle au coeur ? Une file, l’autre demeure, Complémentarité entre le fruit qui passe et nourrit et la maison stable qui abrite et sécurise. Une file, l’autre demeure… Paraboles de fruits et de pierres. Ne gardons qu’une image : le ROC, fruit d’une méditation de coeur de ville.

Relisons mot à mot comme on monte un mur pierre par pierre quand les fondations sont assurées…
« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? Tout homme qui vient à moi, qui écoute mes paroles et qui les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à un homme qui bâtit une maison. Il a creusé très profond, et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien bâtie. »

N’est-ce pas par les pieds et les mains que la Parole de ce jour doit nous pénétrer ? Oui par les mains et les pieds ! A nous d’apprendre à écouter, à écouter avec notre corps, tous nos sens, tout notre être, les émotions qui passent, les idées fugitives, l’interprétation des signes. Ecoute active qui porte fruit. Ecoute active qui enracine. Ecoute active qui traverse, et met en route. Ecoute qui devient action, écoute de contemplation, d’enracinement qui devient fruit, qui demeure.

Ecoute de chaque mot, comme pose de chaque pierre, comme cueillette de chaque fruit mûr, ainsi la Parole fait son oeuvre en chacun assure Jésus. Une condition, laisser le mot prendre chair, devenir notre chair. Comment ?

Par cet acte même d’écouter, de nous arrêter pour écouter, écouter le murmure de la vie, au-dedans, ce murmure d’amour qui déborde du coeur de Dieu, notre Origine. Roc d’eau vive originelle en cascade de fin silence…

Ecouter avec les pieds ?
Marcher apprend à écouter, marcher apprend à bâtir sur le roc, marcher apprend à vivre, marcher apprend à découvrir … tel l’enfant qui s’éveille au monde. Et quand la marche devient difficile, marcher n’apprend-il pas à vieillir, et à apprivoiser la mort ? Marcher n’apprend-il pas à aller de l’avant et à inscrire sa vie dans l’éternité, plus que sur ces pierres, ces marbres, ces monuments imposants ?

Ecouter avec les mains ?
Polir une pierre comme savourer un mot apprend la justesse. Poser une pierre comme goûter un mot apprend la robustesse, cimenter une pierre comme garder le mot n’apprend-il pas la sagesse et n’apporte-t-il pas la richesse des relations et de l’amour ?

Allons, décidons de poser juste une petite pierre aujourd’hui, une pierre vivante, d’amour, de pardon, de joie, de consolation, d’attention, de sourire, de paix, de réconciliation, d’espérance ou encore d’offrande et même de pauvreté, celle du « rien » et du « pas envie », « pas le goût ». Cette pierre rejetée, par les bâtisseurs, pierre d’angle de nos vies ?

Ah oui, toute pierre taillée pour l’édifice ! Soyons sans crainte, toute pierre qui passe par les mains de la Trinité est ajustée et entre dans la construction !

Dieu marche dans le jardin de sa Création
et ses mains nous travaillent !
En bâtisseurs d »un monde nouveau,
mains et pieds en route, par l’écoute active de la Parole !