Discernement pour les nuls ?
Ce matin, apparent échange de compliments qui met en chemin de discernement. Reprenons route en faisant un détour pour quelques versets laissés dans l’ombre. Hier, Jésus passait par Naïm. Touché aux entrailles à la vue d’une mère veuve portant son unique en terre, il rendait la vie aux morts, au fils et à sa mère. Continuant sa route, il est arrêté en chemin par des envoyés de Jean le Baptiste porteurs d »une question majeure : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Question que le récit de la résurrection du jeune homme a ravivée chez Jean, en prison.
Jésus prend au sérieux cette question, et ne la déplace pas tant que cela et renvoie les messagers porteurs d’une autre parole, celle du prophète Isaïe : « La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. ». Parole suffisante pour celui que Jésus connait dès avant sa naissance.
Et Jésus ne s’arrête pas de parle, au départ des messagers, il poursuit et c’est là que nous le retrouvons ce matin : « Jésus disait à la foule : « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place…
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.”
Jésus voit cette foule qui le suit, qui l’interroge, comme des gamins. De ces gamins sans cesse insatisfaits, qui ne savent pas ce qu’ils veulent, qui se savent pas discerner. Jésus enseigne, il tente de comprendre et de trouver la faille pour entrer en vrai dialogue avec cette foule, comme avec tout un chacun, pour montrer le chemin du Père. Il désire conduire au Père et par là chacun à soi et aux autres.
La preuve ? Cette foule de gamins ne sait pas qui est Jésus ! Elle le voit manger et boire comme tout le monde, elle le voit ne pas faire de distinction de personnes, « amis des publicains et des pécheurs« . Subtil retournement : ne reconnaissant pas Jésus, ces gamins ne peuvent être, être heureux, être satisfaits de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont. Sans cette connaissance de Jésus pas de bon discernement.
A nous d’accueillir cette interpellation : « gamins », « Pour vous, qui suis-je ? »
La Bonne Nouvelle que Jésus porte, apporte, c’est lui-même, ce glouton, cet ivrogne, cet ami des publicains et des pécheurs. Il est Dieu au milieu de l’humanité en marche. Il est venu chez les pécheurs que nous sommes et y demeure. Il apprend à le connaître, à le reconnaître, chemin de discernement heureux.
Oui, il demeure en chacun de nous !
Alors, gamin, il l’est aussi en nous,
Chose étonnante, stupéfiante : nous sommes ses amis !
Pas de traînards, tous capables de discerner !
