Jésus, souviens-toi de moi !
La liturgie s’accélère et nous sommes en ce dimanche du Christ- Roi de l’univers, au pied de la Croix, sur laquelle Jésus est crucifié. Plantée entre deux malfaiteurs, elle se dresse sur le monde et fait ombre de salut. Une scène à jamais inscrite dans le cœur de Dieu, au cœur de l’humanité, gravée dans la pierre qui peut alors devenir chair…
« L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : ’N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous avec !’ Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.’ Et il disait :
Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton Règne !’ »
Est-il plus beau cri de foi que ce cri du malfaiteur au moment de sa mort ?
Laissons-nous saisir par ce cri de foi qui nous vient d’ailleurs, d’un ailleurs qui pourtant est nôtre, l’ailleurs de notre péché, l’ailleurs de notre errance, l’ailleurs de tout non-sens qui nous habite… Laissons ce cri d’espérance déchirer les carapaces de nos coeurs, les carapaces de nos aveuglements, nos mains fermées sur nos fausses richesses.
Laissons-nous toucher au cœur, et soulever du dedans par ce cri jailli d’un cœur perdu ! Ce malfaiteur n’a plus rien à perdre, il a tout perdu, et d’abord l’estime de lui-même : il a perdu sa vie par ce qu’il a fait… mais il n’a pas perdu son regard de foi et de vérité sur cet homme crucifié avec lui… « Lui, il n’a rien fait de mal ! » Ce malfaiteur n’a pas perdu ce qui semblait perdu à l’aveugle de Jéricho, comme à Zachée. Jésus venu chercher ce qui était perdu, est trouvé par le regard du malfaiteur…
Laissons propulser au plus profond de nos ténèbres, là où tout semble perdu, là où la mort surgit, pour que ce cri de foi transperce l’épaisseur de notre humanité perdue et l’ouvre à la vie du Ressuscité, le Roi de Gloire, le Fils du Dieu Vivant. Alors, de nos ténèbres, que verrons-nous ? Qu’entendrons-nous ? Que crierons-nous ?
Le Règne de Dieu n’est-il pas en germination sur terre ?
Le Règne n’est-il pas don gratuit pour tout homme qui crie « souviens-toi de moi ! » ?
Son Règne ne vient-il pas parmi nous, peuples de pécheurs, peuples de sauvés depuis ce regard croisé entre ces deux condamnés ? Le premier, malfaiteur aux mains meurtrières, au regard pur, au cœur brisé d’espérance, le second, Innocent au cœur doux et humble, aux mains percées, au cœur transpercé…
Crions vers le Seigneur de Gloire,
à cœur ouvert,
ce Nom qui appelle à la vie : Jésus !
Jésus, souviens-toi de moi, pécheur !
