Arracher !
Cette semaine, toute l’Eglise se dilate… et semble entendre autrement la Bonne Nouvelle… depuis dimanche, quelque chose d’indicible se vit, se transmet… un désir de confiance à l’ombre d’une houlette désarmée et désarmante. Houlette d’Ailleurs perceptible dans l’imperceptible.
Allons au texte : « On célébrait à Jérusalem l’anniversaire de la dédicace du Temple. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon.«
Jean se préoccupe de décrire le lieu et l’espace dans lesquels Jésus circule. Car ses allées et venues sont bien une circulation qui dit combien la parole circule. Lui Parole de Dieu, faite chair, va et vient. Elle rejoint tel, bouscule tel, met debout tel, ou provoque un cercle apparemment accusateur. Où sommes-nous, comment accueillons-nous la parole qui circule ? Houlette de l’Ici audible et inaudible…
Les Juifs se groupèrent autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? Si tu es le Messie, dis-le-nous ouvertement ! »
Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage.
Une fois encore, croire invite à reconnaître les œuvres, à entrer dans un être autre, un être donné par un autre, par le Tout Autre… c’est cela qui dérange les gens qui font cercle, qui enferme la parole. Et nous, laissons-nous la parole nous traverser pour faire oeuvre de vie par cet acte de foi ?
Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN.
Jésus passe du croire au faire pour manifester l’être… la conclusion surprend : « personne ne les arrachera de ma main ! » , en grec « ravir », verbe utilisé par Jésus pour lui-même : « ma vie nul ne peut me la ravir, c’est moi qui la donne. » Au cours de la Dédicace, en cet hiver à Jérusalem, Jésus associe donc ceux qui croient en son être profond à sa vie, celle que nul ne peut ravir !
Alors, l’Inouï explose en Inouï qui se présente à nous sans détour : de la main de Jésus, nous passons dans la main du Père. Anthropomorphisme inaudible et pourtant dit, dit par la Parole qui fait ce qu’elle dit… Que devons-nous faire ?
Contemplons les mains de Jésus… marquées par les clous de la Passion, personne ne peut nous arracher des trous de la Passion, personne ne peut ravir le fruit de la résurrection, la vie des fils sauvés, œuvre du Père. Là, nos noms sont inscrits, en creux, dans le vide où il n’y a rien à voir… mais à nous laisser retourner par la voix pour finalement voir comme si nous voyons l’invisible…
De la main du Fils à la main du Père,
de la main du Fils transpercée à la main des enfants du Père,
A nous de tendre la main, qui devient main de Dieu, Houlette de Paix…