Ce qui suffit ?
3 mai, st Philippe… l’homme de l’inconscience devant le Mystère ?… Aurions-nous dit mieux ? Apparemment, bien naïvement, il assure : « Montre-nous le Père et cela nous suffit ! »
Voir, connaître le Père : cela suffit !
Parole stupéfiante à la fois de simplicité, de vérité et d’immensité ! Oui, cela suffit de connaître, de voir le Père, car c’est le tout de notre être profond. Nous venons du Père, nous sommes nés du Père et nous allons au Père, nous retournons au Père, ensemble. Cela suffit donc puisque c’est l’essentiel de notre être tant personnel qu’universel. Or « cela nous suffit » ne signifie pas que c’est simple, finalement. Quel espace de foi ouvre-t-il ?
Cela suffit, oui et cela peut paraître bien peu, bien peu car tellement chemin dans l’invisible, chemin dans l’obscurité de la foi, chemin dans la nuit de l’humanité aveugle, chemin de l’inconnu non reconnu, Ailleurs sur l’autre rive, non explorée.
Alors, qu’est-ce qui nous suffit aujourd’hui ? Au cœur de ce monde si visiblement violent, déboussolé, aux repères incompréhensibles pour tous, qu’est-ce qui suffit à faire un pas devant l’autre et à marcher dans l’invisible de l’amour, comme si nous voyons l’Invisible ?
La question de Philippe nous percute de plein fouet en célébrant le Christ ressuscité, en ces jours de joie pascale et d’attente. Nous sommes visiblement interrogés par la vie quotidienne, par les choix posés des uns et qui engagent tout le Corps du Vivant.
Qu’est-ce qui suffit pour vivre debout de la foi au Christ mort pour nous et vivant pour toujours en nous ? Prenons le temps de laisser la question descendre au creuset de notre réalité, de notre vie, pour entendre le Verbe murmurer au cœur de notre cœur : le Père, notre Père !
Nous sommes tous fils, filles de Dieu, et Lui seul pose son regard sur chacun de nous, regard qui fait vivre, regard qui met debout, regard qui nous transforme, regard qui devient notre regard… Cela suffit parce que cela est tout.
« Dieu seul suffit »,
« Dieu qui est tout en tous »,
Dieu, Père de tous, et donc notre Père !