Dette remise !
Il ne s’agit plus de dispute ou de partage d’héritage en chemin, mais de pardon. Pierre se laisse-t-il interpelé par les paroles du Maître au point de l’interroger ? Oui sans doute. Chemin faisant, la Parole creuse et désaltère. Elle désaltère et creuse. Pierre profite de ‘ce temps-là » pour aborder le Maître. La vie des Douze se révèle, dans les yeux de Pierre.
Nous voilà bien rejoints par Pierre et ses questions ! Une fois encore, il a l’audace de son humanité en croyant faire un exploit. « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Un exploit de pardonner sept fois à son frère pour le gagner, le ramener à la vie ?
Jésus n’hésite pas, il déplace promptement, presque durement le curseur, et bouscule les calculs trop humains avancés :
« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »
Déjà sept fois paraissait énorme à Pierre et Jésus répond pardonner « sans mesure« , sans mesure comptable, sans mesure mathématique.
Donne-t-il ainsi la clé de la fraternité ? Mesure divine, mesure du cœur de Dieu, qui seul peut pardonner l’impardonnable. Lui seul peut venir vivre ce pardon impardonnable en nous, pour nous et ensuite par nous. Pardon sans mesure que le sang versé pour la multitude.
Semé comme fruit unique de la Croix par son Esprit, le pardon se donne et se reçoit, donné 77 fois sept fois, il est reçu 77 fois sept fois… Comment ne pas y faire obstacle ?
Révélation de seuil : mystère du Salut. Projetés avec Pierre sur le seuil de la foi, le seuil du chemin escarpé qui fait passer de l’audace humaine à la semence divine, saurons-nous recevoir le Christ déchirer notre finitude humaine pour entrer dans la gloire ?
Prêts pour ce chemin, de haute altitude, en cordée à la Croix du Vivant ?
Désireux plus que prêts ? Tant de saints nous précèdent, n’ayons pas peur !
Mystère d’un retournement réel, en Jésus les forces de la colère peuvent devenir forces vivifiantes, nécessaires pour pardonner,
Mystère de seuil,
à coeur brisé, à vie gagnée,
au Calice de l’amour.
