Dimanche sans filet
Ce dimanche nous replace au début de l’évangile de Marc, au bord du lac, comme pour un nouveau départ : aurions-nous oublier quelque chose ?
« »Venez à ma suite ! Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »
De mémoire, que retenons-nous des récits d’appel ? D’abord une perte : Laissant leurs filets. Pour que les pieds se mettent en route, les mains doivent être libres, vides, ouvertes.
Mais plus que les mains. Les oreilles l’ont été ce qui a brûlé, touché le cœur. Il brûle, c’est ce feu qui met en route !
Le moteur du Royaume n’est pourtant pas une perte mais bien un appel, une promesse qui prennent chair : une voix, un visage bouleversent au cœur d’une rencontre décisive. Un amour répond à l’Amour. Le bois s’embrase.
Rien de révolutionnaire dans ces filets, cette barque à laisser et même ce père à quitter ! Rien de violent, rien d’extraordinaire, ou encore de fanatique. Pour le Royaume, pour proclamer la Bonne Nouvelle, pour participer à ce monde nouveau, il suffit de croire à une parole qui vibre. La Parole de Jésus, Parole faite chair résonne en notre chair.
Tout est alors redonné, autrement, brûlé d’un autre, de l’Autre, à plusieurs ! L’originalité de ce commencement est justement l’appel de deux fois deux frères qui plus est des pécheurs. Tout est nouveau ! Du jamais vu.
Cet autrement se manifeste par un signe, un pas pour laisser ses filets ! Suivre à plusieurs Celui qui non seulement proclame la Bonne Nouvelle, mais la donne à voir, la donne à entendre, la donne à vivre, se donne lui-même, c’est nous donner totalement nous-mêmes ! « S’il manque l’amour, je ne suis rien. »
Rien de révolutionnaire dans ces filets à laisser, seulement entendre un appelà un changement profond du cœur, de ce qui nous fait vivre, de ce qui anime notre existence, qui que nous soyons, où que nous soyons : Quelqu’un que nous ne savons peut-être pas nommer, nous appelle à recevoir une Bonne Nouvelle, à la partager en devenant pêcheurs d’hommes.
Chaque mot peut être détourné, perverti, manipulé. La Bonne Nouvelle ne peut subir violence, ni faire violence : elle est cet appel qui fait sens, vie, joie pour tous. C’est à ce signe que nous la reconnaîtrons : le cœur brûlant en frères, en disciples appelés !