d’une rive à l’autre ?
Un matin d’intense espérance, le conclave dans deux jours, et la vie foisonne au bord du lac… Un matin pour s’en étonner ? Oui, vie toujours nouvelle, dans le Souffle de l’Esprit, vie qui aspire à s’offrir autrement que par la consommation, la rivalité, la violence ou encore la course… La vie comme don, la vie reçue comme participation à l’œuvre de Dieu… un jour pour l’accueillir et y consentir. Comment vivre de cet Ici d’instant suspendu ?
Ecoutons avec l’oreille du coeur : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. «
L’Évangile de saint Jean braque le projecteur sur l’œuvre de Dieu. Il faut que notre regard soit totalement soulevé par la Parole pour atteindre l’horizon proposé. C’est un vrai défi que seul l’Esprit Saint peut accomplir dans notre Ici bien concret, bien enraciné dans le réel. Ici consenti…
Ne baissons pas les bras et surtout pas les yeux ! Laissons-nous entraîner loin, très loin, là où nous ne pouvons aller, aller seul, aller par nos propres moyens… Jésus lance un défi aux apôtres, à ceux qui le suivent… il passe d’une rive à l’autre sans barque ! Ce défi de l’Ici autrement, dessaisissement consenti, attendu, espéré…
Et voilà, concrètement l’œuvre de Dieu à voir, à toucher, à entendre… passer d’une rive à l’autre sans barque ! Notre foi est mise à l’épreuve, à l’épreuve de la vie d’Ici tendue vers l’Ailleurs. Défi pour nos cardinaux que l’Esprit ne lâche pas…
Tant que les apôtres et la foule veulent tenir quelque chose, se rassasier de pains, se croire assurés, rassurés, ils sont à côtés, dans la barque, certes, mais à la merci des vents et de la mer agitée.
Jésus fait signe et personne ne comprend. Il fait signe de lâcher le visible pour lever le regard vers le Père, sans pour autant quitter le réel, le quotidien : au contraire, en le vivant et en le relisant avec les yeux traversés de la lumière de Dieu, à travers les yeux du Fils Vivant. Les poissons et le pain… Ici et le Souffle, l’Ailleurs…
L’œuvre de Dieu, c’est Dieu à l’œuvre,
Nous ? l’ouvrage ouvragé,
question de foi, de joie, d’humilité
Dieu est à l’oeuvre et nous réquisitionne, tous !