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Quelle foi ?

Tous prêts pour l’embarquement immédiat ?
« Mais aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! » …
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »


En quelques versets, l’évangéliste réalise une vraie séquence de film, en fait de foi. En écoutant les verbes, nous plongeons dans une tempête : tout tourbillonne, tout s’agite, tout vacille. Premier plan.

Un seul, Jésus est maître, Maître de la situation, de cette agitation en tous sens. Que fait-il ? Deuxième plan.

Une nouvelle fois, il se retire seul pour prier. Puis soudain il rejoint les apôtres blottis dans la barque battue par le vent, la pluie. Ils sont secoués par la peur, l’angoisse et même par la présence inattendue et non reconnue de Jésus. Troisième plan.

Sa voix, sa simple parole qu’ils connaissent devrait les rendre à la raison de la foi, mais non, rien n’y fait, il faut une preuve exceptionnelle, inouïe, hors norme.
Fondu enchaîné : le même, Pierre intervient. Il se jette à l’eau et met Jésus à l’épreuve. Quatrième plan.

Épreuve contre épreuve, foi contre raison, confiance contre peur, finalement salut contre néant.
Un cri déchire la tempête, le cri qui jaillit de la peur la plus ancestrale, celle de mourir : « Seigneur, sauve-moi ! »
Cri de l’homme perdu, cri de l’homme nu, cri de l’homme réel, cri de l’homme enfin en sa vérité  : sans Dieu, c’est la mort.

Au seuil de l’ultime, au seuil de l’abîme, au seuil de la déprime, un cri, celui qui déchire les entrailles du Fils, « venu sauvé tous les hommes afin qu’aucun ne soit perdu« , il étend la main et le saisit.
Entre le cri et la main qui saisit, la foi jaillit.
Foi réveillée par une parole de vie : « homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?«  Cinquième plan.

N’ayons pas honte d’entendre une telle parole de vie, celle de l’Écriture, une parole qui inscrit le doute dans l’alliance ! Sixième plan.

Gros zoom sur le doute : «  Pourquoi as-tu douté ? » Arrêt de la caméra invisible qui explore nos abîmes. N’ayons pas honte de nous laisser saisir et d’en être tout simplement heureux ! Jésus étend la main, nous saisit et nous adresse une Parole vraie qui murmure la vie, l’Amour. Embarquement immédiat. Septième plan : sept jours de création pour vivre du huitième, la Résurrection.

Homme, femme de peu de foi,
crie ton peu, laisse-toi saisir !

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2023/08/quellefoi.mp3