Grain jeté en terre!

La liturgie de ce cinquième dimanche de Carême nous fait basculer avec le Christ, plonger dans le cœur bouleversé du Fils. Nous nous relèverons au Matin de Pâque :
Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Jésus se compare à un grain de blé, à un unique grain de blé qui va être mis en terre. Il annonce sa mort, mort féconde, de la fécondité d’une moisson.
Comment accueillir la mort comme moisson si ce n’est en ouvrant nos vies à la Parole créatrice ?Mystère qui nous dépasse par un non-voir, un non-savoir, un non saisissable et pourtant vibre au fond par une onde de résonance ajustée.
Jésus offre sa vie, à l’avance. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Il la donne, car il la possède, il la vit, lui le Vivant ! Il ne la laisse pas prendre ; il ne se laisse manger, dévorer, accaparer par personne et par rien !
Comment sommes-nous vivants, vivants de Dieu, fils, filles de Dieu, recevant notre vie de Lui, vivant de lui, ni mangés, ni accaparés, ni dévorés par tant d’addictions ? Notre liberté profonde peut-elle jaillir en choix de grain qui tombe en terre ?
Jésus est serviteur du Père jusqu’au bout : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! »
Serviteur à la vie bouleversée, au cœur bouleversé, déchiré, brisé par la folie des hommes et donc par l’urgence du salut pour eux tous, ses frères !
Sa vie se fait soudain cri, cri de passion, cri de glorification du Père ! Là est notre salut. MYSTÈRE !
Comment demeurer là pour que l’œuvre de Dieu se fasse en nous si ce n’est en consentant à devenir ce grain de blé broyé par nos frères ?