Hypocrites !
Que de beaux textes, mais assez décapants, durs et fort bousculants pour ce huitième dimanche du temps ordinaire !
Du texte de Ben Sira le Sage, il ne faut rien retrancher : la Parole nous passe au tamis, celui de l’amour fraternel, simple quotidien, sans dérobade et sans fards : alors il ne reste dans le tamis que les déchets, ce qui n’a pas de valeur, et qu’on jette au feu.
Feu du pardon, car rien n’est perdu pour Dieu : ni nos contradictions, ni nos incohérences, ni nos colères, ni nos replis. Et c’est même les déchets qui constituent le meilleur fumier, celui qui fait porter du fruit…
Les déchets de l’amour s’appellent encore orgueil, fausse humilité ou mépris des autres. Dieu prend tout et lui seul juge. Quel heureux chemin de liberté s’ouvre alors parce qu’il passe par l’unique porte, celle de la mort et de la résurrection du Fils bien aimé. Où sommes-nous ce matin ? En qui croyons-nous ? Notre foi en la présence du Fils ressuscité éclaire-t-elle notre vie ?
Saint Paul ne cesse de le redire sur tous les modes : « Ô mort, où est ta victoire ? » Si nous chantions cela chaque fois que nous sommes en conflit, contrariés, ou blessés ? « Ô Mort, où est ta victoire ? « , notre vie changerait de couleurs ! Un magnifique arc-en-ciel apparaîtrait à l’horizon… Alliance pour passer d’une rive à l’autre, rive du conflit à rive du dialogue et de la paix. Impossible ?
Enfin et ce n’est pas le moindre, Jésus nous invite à quitter nos hypocrisies en nous donnant une lumière vive et heureuse :
Regardons avec un œil nouveau les arbres, la paille, les poutres ou encore nos aveuglements ou nos malvoyances !
Gardons la question de l’hypocrisie de nos sentiments. Nous les drapons si souvent ! Pourquoi ? Dommage, car il fait bon vivre à hauteur de ses sentiments accueillis, ressentis, habités et régulés, maîtrisés.
N’est-ce pas le propre de l’homme et de la femme, créés à l’image de son Dieu, lent à la colère, plein d’amour et de tendresse ? Comment laisser grandir et mûrir les fruits que nous portons ?
Comment faire de ce dimanche, un dimanche en eau profonde pour découvrir nos profondeurs et les laisser être éclairées par la mort et la résurrection de Jésus ; Lumière née de la lumière ?
Comment en faire un jour d’accueil de nos sentiments,
sans apparats, en vérité, en liberté,
avec notre cœur d’enfant ?