INSOUCIANCE ?
La page d’évangile du jour fait grincer des dents : Jésus ne semble pas bien ancré dans le réel de la vie, dans la réalité de l’humanité en marche. Le trésor au ciel, soit ; mais sa position sur l’argent bloque, à première vue ! Au regard du monde, tant de gens souffrent de la faim et meurent. Tant de malheurs, comment ne pas se soucier de demain si incertain pour tant d’êtres humains ? Peut-être nous tous, d’ailleurs… Que veut dire Jésus ? Est-ce vraiment de l’insouciance ?
« Ne vous faites pas tant de soucis ! Manger, boire, se vêtir…
Ne vous inquiétez pas !
Ne vous faites pas tant de soucis pour demain ! »
Son insistance sur le mot souci, ne pas s’en faire… son insistance sur les actes vitaux, manger, boire, se vêtir… son insistance par des comparaisons bien bucoliques et loin du réel… le lis des champs, les oiseaux du ciel…
Alors ? Jésus rassure ses disciples quant au trésor à chercher, car il y en a bien un. Toutes les richesses de la terre sont symbolisées par ces deux créations petites, belles, fragiles, éphémères : les lis des chants et les oiseaux du ciel. Quelle leçon de vie ! Nous rejoint-elle ? Ne bougonnons-nous pas en pensant : « mais comment faire ? » Arrêtons-nous pour écouter, regarder un oiseau, pour regarder un lis… Arrêtons-nous pour recevoir en plein cœur cette parole de vie.
Qu’entendons-nous ? En une basse continue bien rythmée, Jésus ponctue sa grande leçon : « pas de souci, pas d’inquiétude » ! Rythme perturbant, qui empêche de dormir, un peu comme la fête de la musique en ce jour d’été !
Le thème mélodique surgit au détour d’un « ne vous souciez pas ! » : « Recherchez d’abord le Royaume des cieux ! » et vient se graver dans le cœur, qu’il soit de pierre ou de chair, Dieu sait faire. Ce mot qui ne peut échapper, tellement il change tout.
Repéré, ce « d’abord » : il ne s’agit pas de nier, de nous détourner de ce qui est indispensable pour vivre : nourriture, boisson, vêtement, toit, ou travail, santé, amitié. Non, ce « d’abord » remet de l’ordre, de la hiérarchie.
Il remet tout à sa bonne place, sans complaisance, ni insouciance, mais avec mesure pour goûter déjà le Royaume et pour le faire advenir : Royaume de fraternité réconciliée qui commence par ce « d’abord » ami.
D’abord ! Premier mot pour entendre le Maître de la vie
« Vous valez plus que tous les moineaux du monde ! »
Je t’aime !
Ce souci en moins, quel espace de joie !
« D’abord » à chanter par les trompettes sonores du Matin de Pâques !