Interrogés ?
Question d’identité, question de vie, question de mort, question existentielle, Jésus pose question !
C’est d’abord lui qui pose une question : « Au dire des foules, qui suis-je ? » Depuis plus de deux mille ans cette question hante les foules avec plus ou moins d’acuité. Elle surplombe ou plombe même la vie des hommes. Quelles réponses pour aujourd’hui ?
Jésus pose une deuxième question, sans détour, avec insistance : « Et vous, que dites-vous, pour vous, qui suis-je ? » En fait, Jésus distingue bien, en l’homme, deux attitudes, le dire et la foi en actes.
Il fait passer du dire aux autres au vrai croire, de l’extérieur du voir à l’intérieur du croire, le propre de l’être qui agit. Pas de foi sans actes qui l’authentifient, lui donnent chair.
Passage douloureux qui impose le silence : « Jésus avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne. »
Jésus surprend et pose alors question, il devient questionnement pour tous : « Pourquoi la mort devient-elle centrale, l’acte même de sa mission, de sa vie ?«
« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite.«
La mort lie Jésus aux hommes et l’arrache au Père ; Il s’est fait homme jusqu’à la mort et la mort de la Croix ; ce qui est arraché là, c’est le dialogue, la Parole, l’axe véritable, le cœur du monde entier.
Il nous faut descendre jusque là, à la perte du dialogue en Christ pour être saisis par la puissance de sa résurrection, la puissance de la relation qui rompt une fois pour toutes les filets de l’isolement, de la solitude, de l’enfer. Aller avec lui à la source de sa solitude au milieu des foules.
N’est-ce pas là que nous sommes convoqués aujourd’hui : à la source de notre solitude au milieu des foules ?
Sans doute que oui, pas pour y croupir d’angoisse ou y mourir de peur, de néant, de violence ! Jésus nous y emmène tous pour passer du dire au croire, du paraître à l’être, de la mort à la vie, du monde au Père.