Je viens vers toi !
Le discours d’adieu de Jésus n’a rien d’un au-revoir rapide, dans l’émotion du drame. Il est le fruit d’une longue méditation des événements après la Pentecôte, d’un travail de mémoire à la lumière de l’Esprit. Longue méditation de ses disciples qui ont pris le temps de tourner et retourner leur mémoire. Discours de mémorial fécond.
Saint Jean au chapitre 17 le rend contemplatif. Ses mots ne reflètent-ils pas le chemin parcouru par les disciples animés par l’espérance pascale, par la Parole vivante, par l’amour livré ? Comment entrons-nous dans cette contemplation ? Discours de mémorial actif.
Relisons, reprenons, mâchons … « Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. »
Jésus s’adresse à son Père, dans une prière d’une densité impressionnante. « Je prie pour eux, par pour le monde.
Je ne suis plus dans le monde, je viens vers toi. »
« Dans le monde, du monde, le monde » semblent s’opposer à « Père, toi, moi, eux« . Mais peut-être nous faut-il entendre une articulation plus qu’une opposition, une séparation de communion et non d’exclusion, un passage et non une rupture. Discours de mémorial pascal.
Deux verbes jouent ce passage : donner et garder , eux-mêmes articuler par le verbe être.
Quelle construction théologique pour nous introduire dans l’être divin au pas à pas de notre consentement. Comment entrer dans ce mouvement filial ?
Comment gardons-nous le nom de Dieu qui nous garde ?
Comment recevons-nous le don de Dieu qui nous donne la vie ?
Comment inscrivons-nous notre « être avec » parce que Lui est Un avec le Père qui est Un avec le Fils ?
Pas d’affolement devant nos résistances, nos réticences, nos impossibles… L’Esprit vient au secours de notre pauvreté pour tout articuler et mettre de la lumière là où l’obscurité nous plonge dans le doute, la nuit, la peur.
Une seule question pour aujourd’hui, comment ouvrir notre cœur au murmure de l’Esprit qui nous assure que nous sommes concernés, aimés, sauvés, regardés, par Dieu ?
Jésus prie pour nous son Père, non pour nous retirer du monde, non pour nous mettre à part, mais pour nous tenir dans son Nom, son Nom de sainteté.
Viens Esprit Créateur,
visite les cœurs de tous les hommes,
donne tes sept dons sacrés,
garde nos silences en ta présence !