Juste jugement ?
Qui dit jugement, ne pense-t-il pas justice ? Question qui nous frappe de plein fouet.Tentons un éclairage christique.
Nous voici depuis hier avec saint Jean pour accompagner Jésus jusqu’au bout, au bout de l’amour.
L’évangile de ce jour demande que l’on s’y arrête vraiment. Après le long récit de la guérison de l’aveugle de naissance, Jésus s’explique. Quelques mots reviennent comme « parole, envoyé, faire, vie, jugement, mort, Fils, Père, vous« .
Ces mots sont même parfois composés, associés, conjugués en grec, et cela donne : résurrection de vie, jugement de mort, le Père fait la vie, le Fils fait la parole du Père , ou encore le Père fait la vie que l’on traduit par vivifie . Une page, en Jean 5, 17 – 30, à lire et relire pour tenter cet éclairage.
Or ce mot « faire » est lié à la résurrection, à l’amour, à la vie éternelle, qui passe par l’écoute de la parole et qui aboutit au jugement ou à l’absence de jugement !
« Écoute et fais ! Écoute et mets en pratique ! » et dans ce cas pas de jugement. Une phrase laisse en suspension : « Amen, Amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie . »
Nous sommes ainsi conduits par un fil ténu mais fil de vie parce qu’il nous rejoint dans ce que nous sommes : fils nés de la Parole créatrice, fils sauvés par la Parole salvatrice, fils aimés d’un amour éternel pour une vie éternelle, fils dans le Fils.
Oui, déjà nous passons de la mort à la vie, c’est au présent ! Réalisons-nous vraiment ce que Dieu nous donne et combien il nous aime ? Au creuset de la nuit de toutes violences, entendons-nous le silence de l’amour frapper à la porte de notre coeur ?
Le Fils se situe dans sa relation au Père et la révèle pour la partager, l’offrir, y faire participer. Il suffit d’écouter et de faire… Trop simple ? Sans doute pour beaucoup, or le chemin se taille dans le roc de cette filiation donnée, à recevoir.
Ce verbe « faire » est un puits de joie ! Jugez plutôt, le mot a donné en français poésie, poète. Nous nous envolons dans la création, l’infinie, l’inachevé, l’espace de créativité, d’inventivité personnelle, de nouveauté. Déjà nous passons de la mort à la vie, nous faisons œuvre de Vie éternelle, pas en mots mais en actions.
Laissons ce mot de poésie nous envahir, nous investir et ensuite déborder par et dans notre propre vie, dans les moindres faits et gestes qui deviendront alors poèmes de paix.