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La séparation ?

Un verbe bien brutal au matin de ce jour férié, synonyme pour certains de grand pont. Ce verbe se séparer résonne en chacun sous mode mineur, suppliant voire hurlant… se séparer, séparer, en écho diviser, partir, mettre de la distance, vivre l’absence, briser ou encore renier l’alliance, mourir… Séparer, se séparer… Jésus a préparé ses disciples tout au long des trois années d’amitié divine. Amitié de connaissance intime… Alors cette solennité ? «  Il se sépara d’eux et fut emporté vers le ciel. »

Quarante jours de proximité et de joie que l’Eglise nous a fait vivre, pendant ce temps pascal, mettant nos pas dans ceux des disciples, toujours habités par la crainte, habillés de peurs… Et nous, notre vêtement de baptême ? 
Quarante jours pour emboiter le pas de Jésus et des disciples, premiers témoins de l’Inouï, de la Résurrection du Fils envoyé par le Père, résurrection qui signe non seulement la divinité du Fils, mais aussi notre divinisation. Amitié de filiation en grain jeté.

Quarante jours qui s’achèvent par une séparation que Jésus a préparée, qu’il dit nécessaire, qu’il rend presque joyeuse, au seuil d’une plénitude, pas moins de quatre « tout » sans son dernier envoi :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Tout converge vers cette joie cachée, crépitant sous la braise de la tristesse de la séparation. Appel à tenir la braise, à garder la braise, à devenir braises… Tristesse de braise.

A l’Ascension, célébration offerte du mystère de la séparation qui devient mystère de l’absence-présence, mystère de la communion dans la foi parce que mystère d’une séparation qui déchire un voile et fait brèche... Amitié de brèche dévoilée !

Le silence est grand, perçu parfois comme vide et vertige, folie et néant, mais aujourd’hui Amitié de retrait.
La séparation est bénédiction, passage du visible à l’invisible, de la mort à la vie, de la terre au ciel, aujourd’hui Amitié d’éternité…

Comment descendre dans notre cœur profond pour vivre ce mystère d’intériorité comme source de vie nouvelle, alors, oui, nous pourrons sans peur « être témoins de tout cela » ?

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/05/la-separation.mp3