Le chemin ?

Un grand saut dans l’Évangile de saint Jean pour nous retrouver au discours avant la Passion, long testament spirituel de Jésus en quelque sorte. Bien des questions brûlent le cœur des disciples, réceptacles précieux. Quelles questions en nous ?

« Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus veut rassurer ses disciples qu’il sent bouleversés, perdus, sans boussole. Il leur assure qu’il ne les abandonnera pas. Il les tourne une fois encore résolument vers le Père. « Je pars vous préparer une place. » « Dans la maison de mon Père, beaucoup pourront trouver leur demeure. »

Tourner le regard vers un ailleurs inconnu demande beaucoup de foi, de force et d’espérance. Jésus connaît le cœur des hommes, il sait quelle opacité les freine, les empêche de courir sur les voies de la vie. Nous sommes bien concernés aujourd’hui. Quel chemin pour nous ?

Sa parole se fait douce, prudente, mais ferme. « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. » Rien de plus, tout est dit, apparemment, mais…

Un des douze, Thomas, ne comprend pas et ose le manifester ; les yeux de sa foi ne sont pas encore ouverts à la réalité divine de celui qu’il côtoie, de celui en qui il a mis son espérance. Il ne voit qu’un homme, un bon pasteur, un bon médecin, un bon maître, un bon pédagogue. Il ne peut voir plus et entendre les paroles de Jésus fait chemin, celui du questionnement, du doute, de l’épouvante, peut-être… Une bombe ?

Jésus affirme alors sans plus de parabole : « Moi, je suis le chemin, la vérité, la vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Quel éclairage apportent ces mots ? Avouons-le, sur la route escarpée de la foi, sont-ils seulement feux de position ? Le chemin semble bien caché… encore pour nous aujourd’hui, alors que nous avons non seulement reçu l’Esprit, mais que la route de l’homme dessine celle du Royaume depuis plus de 2000 ans ! Chemin de haute montagne, celui de la foi ?

Oui, comment la Parole et l’Esprit éclairent-ils le pas à pas de nos existences sur le chemin de vie que Jésus est ?
A nous de revenir à la grande lumière pascale qui n’éblouit pas mais qui brille inlassablement au fond des vallées comme au sommet des montagnes, au carrefour de nos choix comme au pied du mur de nos impasses, aux abords de nos dérobades comme au fond de nos naufrages, devant nos vertiges et face aux inconnus de nos existences parfois bien bousculées. Lumière de solidarité, de sobriété et de modestie, lumière qui ne diminue pas quand elle se partage.

En chemin, une torche à portée de main…
la Lumière pascale,
Osons tendre la main pour la recevoir et la transmettre
flamme fragile et ardente : Amen, je crois !