Le Père !
Reprise de l’évangile médité pour saint Philippe… « Cela nous suffit ! » Quelle perle avons-nous découverte en chemin ?
Hier, derrière la question de Thomas qui brûlait le cœur de tous : « Comment savoir le chemin, nous ne savons même pas où tu vas... », nous entendions selon notre oreille, une inquiétude, un reproche, un agacement, une impatience voire du découragement. A la demande de Philippe, qu’entendons-nous ?
« Montre-nous le Père et cela nous suffit ! »
Le groupe des disciples est menacé parce que Jésus est menacé. Comment ne pas saisir la peur qui les tenaille ? Que vont-ils devenir, ils ont tout quitté pour le suivre, dans une folle espérance d’un monde meilleur et tout semble bien s’assombrir. La question de Philippe sonne juste et nous rassure aussi, nous qui voyons des volcans en éruption.
Une lueur d’avenir surgit quand Jésus parle d’un autre que lui, d’un autre proche, d’un autre tellement engagé, d’un autre dont il tire son origine, d’un autre que les disciples connaîtront : Jésus parle de son Père. Une lueur mais encore du doute et encore bien de l’appréhension…
Quel déplacement ! Quel changement d’horizon ! Voilà que les disciples désirent voir le Père ! Mais ce grand élan du désir est brusquement arrêté par la question étonnée de Jésus : « Comment peux-tu dire ? « Montre-nous le Père ? » Entendons-nous pour nous-même ce dialogue surprenant ?
Moment crucial de réalisme douloureux : non, les disciples ne le connaissent pas, ils n’ont pas compris, ils ne voient pas, ils ne savent pas… La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne se dissipent pas.
Heureusement pour nous qu’ils osent une vraie simplicité et que leurs questions, leurs tâtonnements, leur manque d’intelligence deviennent lumières sur la route.
Jésus part d’elles pour conduire ses disciples sur le seuil du mystère qu’ils ne franchiront qu’à sa mort, par sa résurrection, avec le don de l’Esprit. Sur quel seuil sommes-nous ?
Le Mystère est bien celui du Père, du Fils, de l’Esprit. Dieu unique, Dieu Saint, Dieu Trinité d’amour, Dieu qui établit sa demeure en chaque être humain ou qui fait habiter chaque être humain en lui.
« Qui me voit, voit le Père ! » devient vrai pour nous dans l’Esprit par pur don gratuit de Dieu. Tel est son désir d’amour, tel est le chemin, la vérité, la vie, foi pascale jaillie de la Nuit, de cette Sainte Nuit des origines, de la Nuit qui rend à la vie le Vivant.
Chacun de nous est ainsi un reflet de Dieu : Père, Fils et Esprit. Oui, un reflet à découvrir et à offrir au monde d’aujourd’hui. Oui un reflet de vie, un reflet de paix, un reflet de pardon et de tendresse. Comment y consentir ?
Dieu défiguré, mais Dieu !
A nous couper le souffle,
à nous donner des ailes,
celles de l’espérance et celle de la joie !