Légèreté ?
La page d’évangile du jour fait grincer des dents : Jésus ne semble pas bien ancré dans la réalité de l’humanité en marche. Le trésor au ciel, soit ; mais sa position sur l’argent bloque, à première vue !et semble bien légère.
« Ne vous faites pas tant de soucis ! Manger, boire, se vêtir…
Ne vous inquiétez pas !
Ne vous faites pas tant de soucis pour demain ! »
Quant au trésor à chercher, Jésus rassure ses disciples. Toutes les richesses de la terre sont symbolisées par deux créations petites, belles, fragiles, éphémères : les lis des chants et les oiseaux du ciel. Quelle leçon de vie ! Nous rejoint-elle ? Ne bougonnons-nous pas en pensant : « mais comment faire ? Quel utopiste d’une autre époque !«
En une basse continue bien rythmée, Jésus ponctue sa grande leçon : « pas de souci, pas d’inquiétude » ! Rythme perturbant, qui empêche de dormir, un peu comme toute fête baignée de musique. Légèreté ou parole d’or ?
Le thème mélodique surgit au détour d’un « ne vous souciez pas ! » : « Recherchez d’abord le Royaume des cieux ! » et vient se graver dans le cœur, qu’il soit de pierre ou de chair, Dieu sait faire et ouvre un autre âge.
Tout est dans ce « d’abord » : il ne s’agit pas de nier, de nous détourner de ce qui est indispensable pour vivre : nourriture, boisson, vêtement, toit, ou travail, santé, amitié. Non, ce d’abord remet de l’ordre, de la hiérarchie. Mots d’or écrits en Majuscules.
Il remet tout à sa bonne place, sans complaisance, ni insouciance, mais avec mesure pour goûter déjà le Royaume et pour le faire advenir : Royaume de fraternité réconciliée !