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Marie !

Mardi de Pâques : une course folle et un mot entendu qui change tout.
Oui, un seul nom prononcé peut bouleverser une vie. Car tout est alors dit. Tout est alors contenu dans ce seul nom. Est-ce seulement vrai ? Et pour chacun de nous depuis ce « Marie » ?

Un seul nom, le sien… après un dialogue matinal des plus ordinaires :

« Femme, pourquoi pleures-tu, qui cherches-tu ? »
« Marie ! »
« Rabbouni  » !
Cesse de me tenir… va plutôt trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ! »


Marie Madeleine est là, assise et pleure, perdue dans ses larmes, regard brouillé et cœur aveuglé, inconsolable et quasi « in-dérangeable »… Elle est là, désespérée, essoufflée, quasi asphyxiée par ses sanglots, elle qui a déjà couru de si bonne heure, après une nuit bien courte et un jour d’attente infini…

Le cœur de Marie-Madeleine, déchiré saigne et pleure.
Comme tout cœur qui pleure la mort d’un proche, il pleure une séparation, il pleure une absence, il pleure de douleur, pas question d’âge, de circonstances, de temps. L’être aimé est parti. Son cœur pleure l’être cher perdu. Alors surgit un plus jamais pareil, un irréversible, un vide, de l’inconnu, de l’irréparé. Asseyons-nous près de Marie-Madeleine, ce matin….

Ce « pourquoi pleures-tu«  ne dit-il pas le désir de Dieu de rencontrer la femme justement là où elle est : dans ses pleurs ? Il la rejoint dans sa blessure, dans la brèche béante si souvent cachée. Il la rencontre là dans sa peine, sa plainte, sa souffrance qui peuvent alors être murmurées, criées, partagées. Il la rejoint doucement, par une interrogation qui la sort de son enfermement par la même question posée par l’ange. Cette fois par un interlocuteur qu’elle ne reconnaît pas. Alors par cette petite brèche consentie, une autre question se glisse, rapide, dans un souffle unique…

Une autre question qui va plus loin dans sa souffrance : « Qui cherches-tu ? »

Marie-Madeleine prend de l’assurance, malgré ses pleurs. Sa détermination à retrouver le corps du mort qu’elle cherche s’affermit et la sort d’elle-même : « Moi, j’irai le reprendre ! »
Fermeté d’un cœur déchiré qui ne peut imaginer un autre chemin que celui de la possession d’un mort, et par là d’un arrêt sur ce qu’elle connaît. Signe d’un arrêt de mort. Suivons Marie-Madeleine ce matin…

Au plus profond de sa souffrance, un murmure retentit et déchire la déchirure : « Marie  ! »

Appelée de son nom par Celui qui seul peut l’appeler ainsi, Marie s’écrie « Rabbouni !« , cri qui a son tour déchire le voile, et même perce le mur de la mort. L’impensable déchire le silence, l’insaisissable fait ouverture, la Mort a été vaincue, engloutie par la vie. Cette femme en devient le premier témoin. La vie du Ressuscité repose en elle, à jamais, elle le sait dans son corps de femme, dans son coeur de chair ressuscitée.

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/04/marie.mp3