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Ne pleure pas !

Une parole déchire la nuit finissante, à une autre femme, hier Marie, aujourd’hui une veuve déchirée de douleurs.
« Ne pleure pas ! »

Injonction qui réveille, et fait choc : comment Jésus peut-il aborder ainsi cette pauvre femme, veuve, marchant derrière la civière de son fils unique, mort ? Hier Marie, au pied de la Croix, aujourd’hui Jésus, au pied d’une civière d’un fils unique mort.
Laissons les deux évènements nous parler. Osons un espace à l’Esprit, Souffle de vie, de Résurrection, pour que la Parole prenne vie, chair pour nous. Approchons à nouveau du Mystère, certes, il brûle, ce Feu de vie dans la nuit…

Que se passe-t-il en chemin ?

Jésus suivi d’une foule croise à l’entrée de Naïm une civière portant un enfant, un unique mort, civière en tête, suivie de la mère, veuve, suivie d’une foule. Cortège funèbre de gens en pleurs, accompagnant un mort, un enfant, un fils, trop tôt parti. Scandale de la mort en chemin, qui semble passer par là, sans raison, avec déraison même, Scandale qui fait foule… foule de scandales en cascades déferlant de tant de coeurs de mères, sur le monde…

Jésus est pris aux entrailles.
Ses entrailles crient : « Ne pleure pas ! » Voilà le cri qui déchire la nuit, la nuit de la mort. Prémices d’un autre Cri, Cri unique de son Fils Unique, Cri du Fils de Dieu, mourant en Croix, Cri que Marie a saisi : « Tout est accompli. »

Du saisissement intérieur, une seule parole peut jaillir, parole de vie qui suscite la vie, qui re-suscite la vie en cet enfant, mais personne d’autre ne peut crier ainsi que le Vivant qui passera par ce chemin de la mort, sans foule – il mourra seul ; il sera rencontré par le Père, au secret du tombeau scellé

Cri de saisissement, cri de compassion, et non injonction malheureuse et scandaleuse.
Jésus s’approche, touche la civière, parle à l’enfant et le rend à sa mère. Tout se déroule dans l’élan du frémissement des entrailles, puissance de vie, silence de Vie plus forte que la mort. Saisissement de vie pour nous, en chemin.

Comment cette parole peut-elle nous atteindre, nous personnellement aujourd’hui ? Comment nous laisser toucher par le saisissement de pitié de Jésus pour l’enfant mort en nous ?

Ne crie-t-il pas à chacun : « Ne pleure pas ! ». En échos, comment entendre : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/09/ne-pleure-pas.mp3