Oser se retirer…

 » Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean-Baptiste, il se retira en Galilée. »
Echo de ce besoin de silence, de retrait, de distance que nous comprenons aisément quand la vie nous interroge, nous blesse. Et qui est épargné ? Pas même le Fils de Dieu.

La souffrance, le malheur, le scandale de la mort, l’injustice, la violence, la peur provoquent un avant et un après, difficilement traduisible en mots. Chacun se sent alors plus seul, plus isolé, plus étranger… car une fracture a surgi. Fracture que rien ne peut consolider. Fracture qui demeure irréparée, ouverture d’un espace qui appelle.

Oui, la vie se poursuit, autrement, comme déchirée par un mystère plutôt que fracturée…
La foi transfigure cette fracture en déchirure pour y laisser jaillir dans la nuit la vie, la vie totalement autre, autrement profonde, autrement réelle, autrement féconde. Que faire pour passer de la fracture, de la brisure à la déchirure ?

La foi transfigure car elle illumine la fracture de la lumière du Christ surgi de la mort ! La foi transfigure car quelqu’un se penche sur la fracture, la fait sienne et y sème l’espérance, la compassion, la vie éternelle… Tel est le chemin de la foi, foi purifiée, renouvelée, foi jubilatoire en cette année jubilaire.

Chemin au creuset de l’intériorité, chemin de grande solitude, mais accompagnée par l’Esprit, à distance, en église, en communauté, en famille, en présence d’amis.

Ainsi, savoir nous retirer pour mieux nous rendre présents, donne élan au quotidien, fait repartir autrement, en vivants, humbles, solidaires, car conscients de nos limites, pauvretés, blessures.

A lire la suite de l’Evangile, nous découvrons que Jésus est fort sollicité de tous côtés et qu’il tire ce qu’il donne de ce lieu de solitude, de coeur à coeur, de vie qui sourd ! Comment nous retirer ? Où ?

L’Esprit nous murmure ce lieu de retrait existentiel,
personnel,
écoutons ce murmure intérieur,
et allons par cet autre chemin de vie !