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Paille ? Poutre ?

Une semaine s’ouvre sur un beau slogan : Ne pas juger ! L’illustration connue n’en demeure pas moins interpellante : la paille et la poutre. Reprenons à frais nouveaux, en ces semaines de tension et de mensonges quotidiens. Menue paille de mensonges, réellement ?

« Comment vas-tu dire à ton frère : ’Laisse moi retirer la paille de ton œil’, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?  »
Retenons deux mots tout simples : une poutre, une paille !

La comparaison fait sursauter et même s’indigner. Comment voir avec une poutre dans l’œil la paille qui se loge dans celui de son prochain ? Comparaison grossière apparemment mais qui doit bien avoir quelque chose de vrai à nous dire puisque Jésus parle et ce qu’il dit est vrai. Sa Parole agit. Menues pailles à regarder de près.

Rappelons-nous la parabole du débiteur insolvable : 10 000 talents et quelque cent ! Une poutre, une paille : la démesure de nos incohérences au creuset de la vérité !
Poutre et paille, chemin faisant quand nous jugeons inacceptable chez l’autre ce que nous colorons d’oubli chez nous,
Poutre et paille, dans l’inconscience de l’instant, quand nous jugeons avec dureté chez l’autre ce que nous acceptons avec mollesse chez nous,
Poutre et paille, dans la violence d’une colère, quand nous jugeons insupportable chez l’autre ce que nous cachons parfois chez nous.
Poutre et paille, dans les mensonges écoutés, répétés, dont on tire profit, et qui deviennent poutres et obstacles à toute paille de vérité…

La Parole ajuste nos mesures. Elle nous enseigne celles de Dieu, mesure unique de l’amour. L’Esprit en donne la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur, à en faire perdre le souffle pour oublier poutre comme paille. Toujours indignés ?

C’est autrement que Dieu mesure, autrement que Dieu voit, autrement que Dieu juge, car la mesure de Dieu, c’est d’aimer sans mesure.

Saint Jean Climaque donne un bon conseil : « Comme un bon vendangeur mange les raisins mûrs et ne cueille pas les raisins verts, de même, un esprit bienveillant et sensé note soigneusement toutes les vertus qu’il voit dans les autres ; mais c’est l’insensé qui scrute les fautes et les déficiences. »

Poutre et paille, à l’aune de la mesure de Dieu, changeront de tailles si nous apprenons à accepter nos limites d’abord pour mieux consentir à celles des autres ensuite. Ainsi nous ne bondirons plus autant sur un jugement qui ne nous appartient pas. Mieux, nous ne nous excuserons plus aussi facilement en colorant nos actes, en grimant notre vie.

Rien de bien compliqué, un peu de bon sens, d’humilité, de distance, d’humour et de réalisme pour construire la Maison de Dieu avec les poutres et laisser la paille partir au gré du vent

Ainsi fait Dieu,
ainsi soit-il !

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2023/06/paillepoutre.mp3