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Parfum de compassion !

«  Laisse-la faire ! « 

Jésus est catégorique : Marie de Béthanie a toute sa place en ce lieu, à ce moment, six jours avant la Pâque. Et nous avec elle, qui que nous soyons. En sommes-nous bien convaincus ?

Elle tient sa place, celle de parfumer le corps de Jésus d’un parfum précieux, pour anticiper son ensevelissement, et donner sens, faire signe, emmener ailleurs. Ailleurs parfumé d’amour.

Les gestes de Marie sont pure folie, et même inconvenance, gratuité, pure humilité, pure audace et par là pure efficacité : ils ouvrent à Jésus le chemin de l’accomplissement du salut, de l’Ailleurs promis. Comment accueillons-nous ces gestes de pure gratuité, de pure efficacité ? Où les cherchons-nous ?

Le précieux parfum répandu dit bien la gratuité de l’amour qui anticipe, qui pressent, qui agit avec force et justesse. Le parfum répandu prophétise. Ailleurs de femme aimante…
Comment allons nous saisir aujourd’hui ce vase caché à notre vue, mais à portée de notre cœur pour ouvrir notre semaine et la remplir de la bonne odeur du Christ ?
Cherchons un peu où ce vase est caché. Parfum de la gratuité du don de Dieu, parfum de la bonté, parfum de l’inutilité apparente au regard des pauvres mais parfum de la vie, parfum de compassion selon saint Bernard. Parfum reçu, parfum offert…

Oui, ce précieux parfum est notre plus grande richesse,  parfum de l’amour qui se répand seulement quand on casse le vase qui le contient, quand on se donne sans compter. Parfum de la reconnaissance de l’autre, parfum reçu de la Parole qui circule, parfum inconnu qui étonne et fait agir, simplement.

Laisse-la faire ! Jésus accueille ce geste prophétique, jailli d’un cœur blessé d’amour, d’un cœur de femme attentive à la Parole, d’un cœur dénudé. Il l’accueille pour lui mais plus, pour l’humanité entière, il l’accueille et en fait la clé du Royaume, de cet Ailleurs divin offert.

Écoutons saint Bernard : Il y a un parfum qui l’emporte de loin sur ces deux-là – parfum de contrition et parfum de dévotion ; je l’appellerai le parfum de la compassion. Il se compose, en effet, des tourments de la pauvreté, des angoisses où vivent les opprimés, des inquiétudes de la tristesse, des fautes des pécheurs, bref de toute la peine des hommes, même nos ennemis. Ces ingrédients semblent indignes, et pourtant le parfum où ils entrent est supérieur à tous les autres. C’est un baume qui guérit : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7).

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/04/parfum-de-compassion.mp3