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Partir vers l’autre rive !

« Jésus, voyant la foule autour de lui, donna l’ordre de partir vers l’autre rive du lac. »

Jésus n’invite pas, cette fois-ci ses disciples à passer sur l’autre rive, il ordonne de s’éloigner vers l’autre rive. Un détail ? Peut-être, pédagogie du détail, sainteté du détail ou détail en sainteté traversée ?

Jésus parle en maître, sa parole ne vient pas de lui, elle vient du Père et y retourne en ayant accompli son œuvre. Que se passe-t-il à ce moment pour Jésus, pour la foule, pour les disciples ? Pourquoi cet ordre de l’éloigner vers l’autre rive ? Coup de cœur ? Coup de folie, impérieuse mission ?

Il donne l’ordre de s’éloigner alors qu’il arrive juste là, descendant de la montagne. La foule l’attend et il semble la fuir. Le récit s’accélère, la puissance de la Parole de Jésus opère des miracles, fait bouger et touche la foule. Il ne se laisse pas enfermer par la foule et par les miracles, il doit aller plus loin, il doit emmener la foule ailleurs, vers l’autre rive. Vers la rive du détail libérateur.

Vers l’autre rive, toute une démarche physique d’abord, il faut passer la mer, se risquer, prendre le large, prendre de la distance, aller vers l’inconnu. Deux hommes pressentent un changement radical et se présentent à Jésus, l’un pour aller avec lui, l’autre pour différer le départ. Deux attitudes qui sont parfois nôtres, ambigües. Quand ?

De l’éloignement dans l’espace et le temps, Jésus ordonne un autre déplacement symbolique, spirituel : sur sa parole, choisir de partir, s’offrir à l’inconnu, consentir à abandonner… Rive du détail révélateur.

Tout se joue en quelques mots, forts, justes, sortis du cœur, touchant le cœur, mettant le cœur en haleine. Et le nôtre, ce matin, qu’entend-il dans cet ordre de Jésus ? Que peut signifier pour nous, concrètement, nous éloigner vers l’autre rive, avec Jésus ? Quelle rive quittée, quel détail révélateur, vers quelle rive ?

Appel à quel magnifique vagabondage de notre vie ? En fait, Jésus ordonne de n’avoir rien sur quoi nous appuyer, pour prendre appui sur Dieu avec confiance, ancrés sur la foi que nous sommes à lui. Lui notre Père prévoyant… Il ordonne de nous éloigner de nos sécurités toutes matérielles et humaines pour aborder la rive de l’amour filial en confiance absolue… Possible ? Fou ! Folie de Dieu d’abord !

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/06/partir-vers-l-autre-rive.mp3