Participer
Accueil > Billet du jour > Combien de fois ?

Combien de fois ?

La vie de la communauté des disciples de Jésus n’a pas dû avoir que des jours simples. Les questions qui fusent au détour de telle ou telle page d’évangile témoignent de l’âpreté d’une vie fraternelle serrée. Ne nous décourageons pas en chemin, mais regardons et écoutons bien !

Pierre et ses questions nous enseignent. Une fois encore, il a l’audace de son humanité. Il nous rend bien service : Un trait de la fraternité sort du clair-obscur de la vie de disciple :
« Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

Voilà que Jésus le déplace promptement, presque durement :
« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Déjà sept fois paraissait énorme à Pierre, un véritable exploit. Jésus répond par du sans mesure, sans mesure humaine. C’est sans doute là, la clé de la fraternité : elle est à mesure divine, à la mesure du cœur de Dieu qui seul peut pardonner l’impardonnable. Lui seul peut venir vivre ce pardon impardonnable en nous et par nous. Mesure qui dépasse toute imagination : pardonner à l’infini et du fond du cœur. Jésus plante Pierre là, simplement, au champ de la démesure.

Semé comme fruit unique de la Croix par son Esprit, le pardon se donne et se reçoit, donné 77 fois sept fois, il est reçu 77 fois sept fois !

Les mots de Jésus ne révèlent que le seuil du mystère, le seuil de la foi, le seuil du chemin escarpé qui fait passer de l’audace humaine à la semence divine. Ses mots « sept fois au soixante-dix fois sept fois, » déchirent notre finitude humaine pour nous donner accès à l’Incréé qui est Dieu.

La Croix victorieuse déchire l’étroitesse de notre cœur pour le rendre brisé, élargi, libre. La fraternité a ce prix : prêts pour ce chemin, de haute altitude, en cordée à la Croix du Vivant ?

L’itinéraire est balisé, Jésus l’indique pas à pas, reprenons l’évangile :
.  la prise de conscience de notre dette, manque d’amour, offense reconnue humblement et avec douceur,
 . la demande du pardon de nos manquements, de nos péchés,
 . La patience et le courage exercés jusque dans l’adversité,
 . L’acquisition de la douceur et de la charité, envers ceux qui nous ont fait du tort,
 . le déracinement radical de la colère,
 . le don du bien incomparable.
 . la colère comme source de forces pour pardonner.

Mystère d’un retournement réel : en Jésus les forces de la colère peuvent devenir forces vivifiantes, nécessaires pour pardonner, forces d’amour imprenable.

Mystère d’un amour imprenable,
fondé sur le pardon né de la Croix,
du Seul d’où jaillit la Vie…

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2023/08/combiendefois.mp3