Pas son heure
L’évangile de Jean est tendu, dès le Prologue, « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. » « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas accueilli. ».
Rien d’étonnant alors que la tension monte et monte. On cherche à faire mourir Jésus, « son heure n’est pas encore venue. » … Mais il n’est pas impressionné au point d’en être paralysé : il reste maître de sa vie.
« Il y monta lui aussi, mais non pas ostensiblement mais en secret . »
Entre les deux versets une scène à deux temps :
il monte au Temple en secret,
et il parle ouvertement en s’écriant « Vous me connaissez ? »
Deux attitudes contrastées qui révèlent bien la tension le non accueil fait à Jésus : la foi au Messie de Dieu n’est pas dans le Temple.
Entre secret et cri, l’heure vient. Elle passe par le témoignage de foi, par la Croix ! Sommes-nous de ceux qui s’interrogent : « qui est Jésus ? » De ceux qui croient savoir ? De ceux qui refusent toute question ?
Sommes-nous ceints de la foi, sanglés de la foi, comme dit saint Benoît, pour parcourir notre route humaine car « l’heure vient » ?
L’heure vient mais nous ne la connaissons pas. Le temps passe et fait passer d’une rive à l’autre, par la foi. Embarquerons-nous aujourd’hui dans ce bateau fragile battu par les vents de la souffrance, de la mort, du non-sens , mais bateau aux voiles tendues par le souffle Vivant.
Tenons la barre de ce bateau traçant le chemin du royaume au milieu des flots agités par les vents contraires, la toute puissance, le mensonge, la pandémie.
Jésus monte en secret dans cette barque taguée par nos vies ! Il en fait son lieu de parole pour s’écrier par nos voix, par nos vies : « Je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »