Se frapper la poitrine ?
Deux hommes viennent à notre rencontre, en ce samedi de printemps, présentés par Jésus.
Un Pharisien : « Se tenait debout et priait en lui-même.«
Un Publicain : « Se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine. »
Deux attitudes qui en disent long.
Ne gardons qu’un geste, celui du publicain, peut-être parce qu’il nous est moins fréquent. Quand nous frappons-nous la poitrine ? Que signifie ce geste ?
Il se frappait la poitrine en disant : « O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! »
Se frapper la poitrine : geste accompagné d’une parole qui lui donne sens et qui fait sens, pour le publicain d’abord, pour Dieu qui voit le fond des cœurs, et pour ceux qui entendent Jésus, pour nous encore. Parole et gestes qui font liturgie et rendent Dieu présent…. Ailleurs divin croisant ici humain.
Observons cet homme : Le publicain ne se regarde pas, il est à distance du Saint des Saints, il se sait pécheur, indigne par lui-même d’approcher Dieu, le Seul Saint. Il se frappe la poitrine par aveu et regret de ce qu’il est, de ce qu’il a fait. Tout en lui est reconnaissance de son indignité, de son éloignement de Dieu.
Il ne regarde personne et ne cherche pas à se faire voir. Il est, il est là dans ce face à face, à distance, mais dans ce face à face vrai, qui justifie et qui libère. Ailleurs divin en face à face aimant.
Tout le secret de la vie chrétienne, du salut est là dans ce geste : se frapper la poitrine en reconnaissant la distance entre la miséricorde infinie de Dieu et notre misère, entre le coeur de Dieu et notre coeur, entre l’Être divin et notre être créé. Comment cette vérité nous rejoint-elle ?
Ce geste et cette parole peuvent nous faire basculer dans la vie divine, tout simplement mais tout entier. Pourquoi ? Parce qu’ils inversent en nous toutes puissances de vie qui ramènent tout à nous et non à Dieu, aux autres. Ils nous font image et ressemblance si nous nous les approprions avec notre être tout entier, intelligence, coeur, corps, esprit…
Manquons-nous réellement de temps pour ce geste et cette parole ? Alors courons avec tous les chrétiens, car à chaque eucharistie, ce moment secret nous est offert. Découvrons-le ou redécouvrons-le pour l’habiter de douceur et de joie, il opèrera une profonde libération.
Il se frappait la poitrine en disant :
» O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! »