Témoigner de qui ?
L’Évangile de Jean se poursuit aujourd’hui, aussi dense et complexe. Le fil ténu du « faire » divin poursuit sa course, comme en secret, à la manière d’une source cachée, toujours en poésie d’inachevée, portant l’Ailleurs de l’amour indicible.
Jésus veut-il perdre la pensée de ses auditeurs dans les méandres de sa parole pour que la vérité jaillisse ? Une fois encore, il suffit de tenir un mot et de le laisser se déployer, s’ouvrir.
Saisir un mot, le mot du jour et le mâcher, le triturer, recevoir de lui tout le jus, tout le suc, tout le goût de Dieu, c’est bien une manière de prier la parole et de la vivre, de la laisser nous façonner cet être de fils, né de la parole, habité par la parole, écoutant la parole et y croyant. En fait, plus que saisir un mot, se laisser retenir par un… se laisser suspendre à l’un, comme un funambule… Prêts ?
Ce mot du jour, proposé à notre méditation : « témoigner « , pour entendre : « le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. » Ce seul mot éclaire d’une lumière brûlante, brillante la parole de Jésus.
Le témoignage du Fils, c’est la Croix ! La Croix témoigne de Jésus. La Croix dressée sur le monde signe sa passion d’amour du Père pour tous les hommes, la folie d’amour du Fils pour tous les hommes. Ce signe est encore signe, plus que signe, symbole et Source. Comment nous signons-nous ?
Pour lever les yeux vers la Croix, pour suivre Jésus jusqu’à la Croix, pas d’autre chemin que l’écoute de la voix du Père, que l’accueil de la Parole livrée, en secret et ouvert par l’Esprit qui murmure comme la source cachée la vérité, la vie éternelle. Mais pas en solitaire, ensemble. En Corps du Vivant, en Eglise. Ne quittons pas le navire, l’Esprit passe d’un coeur à l’autre pour raviver les braises du Feu qui attend… secrètement, notre témoignage.
Fixons le regard sur la Croix, pas en passant,
en recevant la Parole comme témoignage d’être,
Oui, le témoignage du Père est salut pour nous !