Tu es fou !
« Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu as mis de côté, qui l’aura ? » Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.
Une parole qui peut nous réveiller, ce matin si nous osons lire et relire cette nouvelle rencontre de Jésus tout à fait imprévue. De la foule une voix s’écrie : « Maître, dis à mon frère .. . » Une question d’héritage. Jésus répond avec une force étonnante : « Homme ! qui m’a établi juge ou.. » et rebondit en s’adressant à tous.
D’une situation bien concrète, déplacée, Jésus se lance dans une parabole bien trempée, qui non seulement ne répond pas à la question de l’héritage mais met un héritage sans héritier en question !
Qui semble fou ? C’est pourtant bien Jésus qui traite de fous tous les avides de ce monde… Il s’adresse à la cantonade.
Être traité de fou…cette annonce au passif d’une brutalité incroyable : « cette nuit même, on te redemande ta vie. »
et enfin une sentence bien difficile à saisir « être riche en vue de Dieu ».
Une fois la question déplacée, Jésus entraîne plus loin. Il fait progresser la foule, pas seulement l’homme : « Gardez-vous de toute âpreté au gain ! » Âpreté qui aveugle, qui désaxe, qui distend les relations, âpreté qui détruit les repères de la vie, âpreté qui dresse plus que des murs, car âpreté qui construit des greniers d’individualisme, d’égoïsme enfermant, mortifères.
D’un coup de parole directe, véritable uppercut : « tu es fou », l’homme de la foule, tout homme de la foule, et moi avec, est mis à découvert sur l’usage des richesses : suis-je riche en vue de Dieu ? De quelles richesses j’enrichis Dieu ? Comment je me situe ?
Folie de suivre Jésus sur ce chemin d’enrichissement de Dieu ? A chacun de répondre… Jésus pourrait-il proposer un chemin impossible à tous ?
Comment découvrir ce chemin pour nous ? Oser faire silence et descendre au fond de soi plutôt que de visiter ses greniers… Un Visage, une parole, un amour nous devance…
Tu es fou ! Devenons-le : fou de Dieu, fou de joie,
Fou d’être riche en vue de Dieu !
