Tu es le Christ !
Retour à la lecture continue de l’évangile après cette montée au Thabor, et voilà que sautant au dessus des miettes, plus rapidement qu’au dessus des vallées… Jésus nous donne rendez-vous dans la régjion de Césarée de Philippe… et une question qui sonne comme écho à cette révélation du Père vision de foi.
.’.. et Pour vous qui suis-je ?‘ Question comme coup de foudre dans le ciel de la foi pure. Car oui, Jésus s’adresse une fois de plus, à ses disciples, les mêmes, pour interroger leur foi.
Il les fait cheminer, marcher, parcourir la route vers Jérusalem comme il fera lui-même, le chemin d’Emmaüs, après la Résurrection, … « Chemin faisant« , il les forme, les informe, les conforme à la révélation. Il ne veut que la fortifier. Sa promesse « j’ai prié pour que ta foi ne défaille pas » sonne ou bat la mesure de notre coeur. Ecoute de foi.
Pierre répond avec enthousiasme, devançant tous les autres : mots jaillis d’un cœur touché par la grâce : « Tu es le Christ ! «
Jésus reconnaît la justesse de la profession de foi, venant d’un Autre : « Mon Père « .
Il dépouille Pierre de sa réponse, pas pour le mépriser, au contraire pour le planter à la Source, « Mon Père « , Mon Père et votre Père« , comme il dira à Marie-Madeleine, au Matin de Pâque. Toute révélation s’adresse à un témoin pour tous…
Or la révélation ne s’arrête pas à la profession de foi, aussi parfaite soit-elle, elle doit informer toute la vie, la transformer, et là tout n’est pas gagné, joué. La plénitude de la foi, c’est l’amour, l’amour qui ne passe pas, l’amour en actes.
Pierre s’aventure sur ce chemin où bien des obstacles surgissent, à commencer par sa vision trop humaine de la mission du Christ : « cela ne t’arrivera pas ! » Il retient la bonne nouvelle annoncée par Jésus, bonne nouvelle au prix de la Croix. Pierre refuse et croit qu’il peut retenir le Maître, empêcher le passage à vivre et fuir la croix. Résistance de peur…
Aux vifs reproches du disciple au Maître, une réponse sans appel, venant d’ailleurs, annonçant un Ailleurs, Celui du combat à venir, de Lumière sur les ténèbres.
« Passe derrière moi, Satan ! »
Le chemin de la foi se creuse dans les enfers de la peur, du doute, de non-savoir. Jésus accepte ce chemin pour l’illuminer, il accepte de toucher nos enfers et même de les traverser, pour un jour les anéantir définitivement par sa Croix. Comment entendons-nous ces mots, au fond de nos enfers ? Vision d’humanité pommée…
Aujourd’hui, la certitude de la victoire du Christ nous est offerte : « la puissance de la Mort ne l’emportera pas« , certitude pour descendre dans la vallée de la nuit de la foi, certitude pour escalader les sommets des lumières de la foi, certitude pour courir sur les chemins escarpés de la Foi vivante, vécue : la vie avec le Christ, la vie chrétienne pour tous. VIsion de foi au rivage de nos reniements.
Inutile de mettre ses chaussures de randonneurs,
ce chemin escarpé est celui du cœur profond,
on y entre plutôt pieds nus, sur la pointe du coeur !