Participer
Accueil > Billet du jour > Une miette perdue ?

Une miette perdue ?

La lecture en continue de l’évangile de Jean, avec Jésus Ressuscité, brûle le cœur. Un autre passage déjà propulse déjà sur l’autre rive… et creuse la faim.

Que s’est-il passé ? Un ordre bien étrange et pourtant qui frappe, au point que Jean le note comme essentiel dans ce qu’il transmet de la Bonne Nouvelle : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu. » 

Jésus s’inquiète des restes au point d’interpeler ses disciples après la multiplication des cinq pains et des deux poissons. Rien ne doit être perdu alors que cinq milles hommes viennent d’être rassasiés… on ne parle ni de femmes, ni d’enfants !

Il reste douze corbeilles. Rien qu’à penser aux chiffres, le vertige prend : cinq pains, deux poissons, cinq mille hommes, et douze corbeilles de reste. La foi donne le vertige, parce qu’elle nous sort de nos raisonnements, de notre logique, de nos calculs, tout en marchant les pieds sur terre, en passant d’une rive à l’autre.

Elle est bien concrète, bien ancrée dans la vie : la faim est là, l’herbe abondante pour s’asseoir, la peur du manque, les deux cents journées de travail, ce petit garçon, les corbeilles, la traversée.

Jésus nourrit les foules de pains et de poissons, et veille à ce qu’on ramasse les restes pour que rien ne soit perdu, pas une miette…

Dans nos vies, Jésus passe, donne à profusion. Il sème le bon grain largement, sur le chemin pierreux, dans les ronces, dans la bonne terre ; il donne à manger pains et poissons à satiété, et même le vin à Cana ! Pourquoi une telle abondance et une telle attention : ramasser les restes et ne rien perdre ? Pourquoi ces détails relevés par l’évangéliste pour peindre le Mystère des Mystères ?

Les miettes de la femme syro-phénicienne qui mendie pour sa fille donne une clé.

Dans les petites choses de la vie quotidienne, ne sommes-nous pas nourris et rassasiés ? Comment alors nourrir et rassasier à notre tour ? Les miettes d’amour, les restes qui semblent bien maigres, bons à jeter ne sont-ils pas la source même de la vie, et même d’un surcroît de vie dans la foi, folle mais de la folie du Christ ?

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2025/04/une-miette-perdue.mp3