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Homélie à méditer

Homélie du cinquième dimanche T.O à partir des textes de ce cinquième dimanche du temps ordinaire : Jb 7, 1 – 4 ; 6 -7 ; 1 Cor 9, 16-19. 22-23 ; Mc 1, 29 – 39.

Homélie prononcée par Mgr j. Turck, au prieuré sainte Bathilde à Vanves, le 7 février 2021. 

Tout au long des siècles le Seigneur nous a révélé sa manière d’aimer. Elle est si étonnante, si grandiose que notre intelligence est incrédule… comment peut-il aimer ainsi. st Jean Chrysostome dans un sermon pour la Pâque écrit : l’enfer lui-même est tout renversé lorsqu’il se rend compte que Jésus vient visiter ceux qui s’y trouvent pour les en faire sortir… comme si Dieu ne supportait pas l’idée de voir souffrir loin de lui ceux qu’il a créés pour être tout proches de lui… pour partager son bonheur. 
Accueillons cette révélation dans la contemplation et le silence. 

Il nous arrive d’être à notre tour tellement tristes d’entendre le bruit sourd de la souffrance… Les textes de l’Ecriture aujourd’hui invitent à mettre en regard : 

le poids et l’amour de Dieu de la souffrance et du mal La souffrance s’égraine comme un immense chapelet chaque jour 

J’écoutais un ami médecin hospitalier. Il racontait l’histoire de ce jeune tuberculeux atteint du sida, qui s’échappe au lieu de se laisser soigner… et que l’on retrouve dans la rue ramené par la police qui invective le médecin et lui reprocher de l’avoir laissé sortir… alors qu’il faisait tout pour le sauver ! 
J’entendais la déception de cette jeune infirmière qui ne peut plus être aux petits soins pour les personnes âgées qui lui sont confiées.. ; trop nombreuses.. 
Entends-tu le bruit sourd de la souffrance ? 

Je croise dans la rue ces pauvres venus d’ailleurs exténués, assis devant nos magasins qui regorgent de biens qu’ils ne peuvent acquérir… 
Et ces vieux parents- ce sont les vôtres- qui s’enfoncent dans la nuit… sans plus communiquer avec l’un ou l’autre de leurs enfants… 
Je découvre sidéré le mensonge de cet homme qui a étranglé son épouse.. entre larmes et déni : il pleure sa propre incrédulité sur lui-même : comment ai-je pu en arriver là… ? 

Le feu mystérieux du mal que Dieu seul peut éteindre 
J’entends ces jeunes chercheurs qui expliquaient que les bouteilles et les sacs de plastiques recouvrent l’Océan sur un territoire aussi vaste que la France par notre insouciance du déchet… au point de tuer les coraux qui n’ont plus d’oxygène pour vivre. Mort assurée de 25% des espèces marines… et cela touche à l’équilibre de notre existence humaine ! que vais-je faire avec de ma prochaine bouteille de plastique ? 

L’Évangile n’est-il pas concerné par cette culture du déchet ? 
Notre insouciance ferme nos oreilles, 
Aux plaintes des tortues, des baleines et des dauphins !
 _ 
Je vois les inondations de cette semaine, des familles sans logement, des récoltes détruites…en grande partie parce que l’on a macadamisé trop de surfaces. La somme de souffrance des hommes, souffrance des animaux, souffrance des arbres et la souffrance de Dieu face au mauvais usage que nous faisons de notre liberté ! 

Ce ne sont pas des anecdotes. Il s’agit de notre histoire à mettre en regard avec l’histoire du Salut. Jésus, lui aussi, est aux prises avec toutes sortes de souffrances… et une journée qui se termine par la prière . 

Au creux de chacun de ces drames, il y a des hommes, des femmes qui se lèvent, qui ne se résignent pas.  Il y a la figure de Job en dialogue avec Dieu ! 

Job un homme fidèle, tout donné à ses enfants, à son épouse, à son Dieu. Job comblé par cette fidélité. Tout allait bien dans son existence. Il avait des amis, une famille, une grande prospérité. 
Est-ce pour cela qu’il était attaché à Dieu ? Je ne sais … je vois tant de personnes vivre dans l’opulence et l’insouciance qui n’ont rien à faire de Dieu… je ne peux penser que la foi serait un gage de réussite et la réussite un soutient pour sa foi. 
Je découvre dans l’Évangile que rien de ces maladies, de ces malheurs, de ces querelles humaines, de ces catastrophes naturelles… rien de tout cela ne laisse Jésus indifférent. 
Il vit ces situations comme si elles étaient sa propre existence. Son histoire est inscrite dans la leur. Il ne peut s‘en abstraire… 

La suite des événements qui s’enchainent le montre. Jésus veut se retirer dans un endroit désert. Les foules le poursuivent, le devancent. Il se laisse à nouveau toucher. Il accepte d’être poussé là où il ne voudrait pas aller. C’est le critère de sainteté qu’il rappellera à Pierre à la fin de l’Évangile de Jean : Tu étendras la main et un autre te conduira là où tu ne voudrais pas aller. Il est le premier à avoir fait sien ce chemin ! Quel mystère ! C’est la Révélation même de Dieu. Elle dévoile un Dieu qui ne peut s’éloigner et être dans l’indifférence des drames humains… _ 

ou alors Dieu n’existe pas, si rien de tout cela ne le touche !

L’attitude de Jésus permet de découvrir ce que c’est que d’aimer les autres. Aime ton prochain qui est dans la détresse. 
N’éludons pas le terme de sa journée. Jésus retourne vers le Père dans la prière.. Le combat qu’il mène pour le Salut de l’humanité n’est pas dans l’agitation pour tout résoudre ! 
Il s’arrête comme au 1er jour de la Création pour tout remettre entre les mains du Père.. non plus seulement la louange devant les merveilles maisla plainte sourde et profonde de la souffrance. 
Jésus a besoin de la force du Père et de l’Esprit pour conduire sa mission de miséricorde… jusqu’au bout. Jésus se rend compte à quel point la création est blessée. Ni lui, ni le Père, ni l’Esprit Saint n’avaient voulu un tel désastre…Il y a pour lui comme une urgence à reprendre souffle ! pour annoncer encore à nouveau son désir de nous aimer. 
J’ai soif ! dira-t-il un jour à la Samaritaine et sur la Croix. Soif de l’amour des êtres humains ! 

Chères Sœurs et vous les fidèles qui venez les rejoindre chaque dimanche… votre monastère est cette montagne où vous puisez au nom de l’humanité la force de vaincre le mal. 
Ici en ce lieu – qui réunit des visages de bien des pays de la terre d’Asie, d’Afrique, de Madagascar et d’Europe- la souffrance des peuples qui sont les vôtres, se trouve portée dans une même prière. 

C’est votre mission… ; c’est votre métier ! 
C’est là le sens de l’histoire de JOB. Il passe de l’opulence à la pauvreté, de la vie mondaine à l’abandon des amis… sans jamais lâcher la main de Dieu.  
C’est là votre vocation en ce monastère ! 

Lisez les journaux, écoutez le murmure des personnes qui viennent vous voir et vous confient leurs souffrances. Soyez de celles qui consolent et qui encouragent afin que ces hommes et femmes ne désespèrent jamais. Ne lâchez pas la main des hommes, ne lâchez pas la main de Dieu ! 

Le martyre silencieux de Dieu se répercute à l’infini dans les monastères.Votre existence serait absurde si elle ne contenait pas cette énergie spirituelle qui vient de ce que Dieu l’habite et vous invite à tisser ce lien permanent entre l’humanité et Dieu. Ici prend place l’action de grâce de l’Eglise pour votre vocation, votre style de vie ! 

Ici nous entrons en prière en même temps triomphants, en même temps souffrants – humbles de l’humilité de Dieu. 
On triomphe dans la foi parce qu’elle nous permet d’accueillir une promesse qui se trouve au-delà de toute promesse humaine.. ; c’est ce que Dieu dépose en permanence de son amour dans notre cœur comme une espérance qui germe et grandit.. 

C’est un enfantement qui donne naissance à l’éternité au cœur de l’histoire humaine. C’est l’aventure de Job, c’est la nôtre. 

C’est notre fierté écrit Paul aux Corinthiens.

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