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Homélie du Jeudi Saint 2021 à Vanves

1er avril 2021 – Homélie du Père Jacques Turck

J’ai désiré d’un grand désir partager cette Pâques avec vous.

Evangile selon St Luc 22, 15
Lavement des pied

Telles sont les paroles solennelles par lesquelles Jésus par lesquelles Jésus introduit ce repas de fête.
Elles expriment un désir que seul l’amour peut éveiller. Il est comme un feu  qui brule et qui ouvre une soif sans fin, étanchée de temps à autre dans l’histoire, par le visage d’un prophète. Une soif qui a traversé les siècles.
Et que Jésus exprime à la Samaritaine : Donne-moi à boire. Nous l’entendrons à nouveau demain dans un murmure sur la Croix « J’ai soif » .

Ce soir au début de ce repas de fête en nous dévoilant ce qui jusqu’ici était encore caché nous découvrons que : : Dieu est une source qui a soif.

Mendiant d’humanité, Jésus marque ce repas de fête tant désiré par trois gestes qui lui donnent une telle intensité que nous n’avons pas fini d’en saisir le mystère, l’inimaginable grandeur, une noblesse jamais atteinte.

Le premier de ces gestes est celui du lavement des pieds.
La liturgie prend un risque considérable en le proposant. Il y a une sorte d’indécence à montrer ce qui en général est tenu caché. Il contraste avec le faste habituel de la liturgie qui magnifie le corps : les vêtements liturgiques, les attitudes hiératiques qui ne sont pas celle de la vie quotidienne. En liturgie, les gestes sont empreints de solennité et de majesté.

Dans le lavement des pieds, c’est la chair qui fait irruption… la maladresse ou le ridicule ne sont jamais loin… Il faut atteindre le pied, aller le chercher là où il est, en bas, le dénuder. Le corps occupe tout à coup une grande place… ces pieds sont notre lien à la terre d’où nous avons été tirés…

C’est notre condition humain qui est prise en compte, rehaussée. C’est l’humanité dans toute son épaisseur charnelle qui apparaît. C’est dire que le Salut apporté par le Christ prend en compte toute notre humanité. Un Salut mis sous nos yeux dans une sorte de crudité charnelle et prosaïque.
Comme on comprend que Pierre dans une pudeur qui ne lui est pas habituelle, refuse de se laisser ainsi toucher. Il y a un tel retournement à opérer pour se laisser ainsi approcher par le Maître !

Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez le Maître et le Seigneur – vous dites bien car je le suis – Si moi le Seigneur et le maître je vous ai lavé les pieds, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres (invicem /latin)

Evangile selon St Jean 13, 12-14


Il faudra à Pierre une purification qui passera par le chemin entre le coq et les clés dans les jours qui viendront… pour accepter que Dieu se prosterne ainsi devant l’humanité, se mette à genoux devant elle… comme dans quelques heures au jardin des oliviers quand Jésus se prosternera devant le Père… Si tu veux avoir part avec moi… lui dit Jésus ! alors Pierre de s’exclamer : pas seulement les pieds -mais aussi la tête ! Exclamation qui anticipe ce que seul le reniement lui permettra de comprendre ce qu’il en est de suivre le Christ, Fils de Dieu incarné.

Le second geste est celui de la fraction du pain.
Il lié à celui du lavement des pieds – Il est confié à quelques disciples marqués de l’onction du St Esprit : les prêtres et évêques d’aujourd’hui dont nous célébrons aussi l’institution au soir du jeudi Saint. Faites ceci en mémoire de moi !
Geste qui s’accompagne de crainte et de bonheur qui grandissent, lorsque nous prenons conscience que Celui qui nous a pris entre ses mains devient Celui qui se livre entre les nôtres dans la célébration de ce grand mystère : l’Eucharistie. Il nous est bon de faire mémoire de l’onction reçue au jour de notre ordination. Elle signe la présence de l’Esprit Saint sans qui nous n’aurions pas le courage de porter la lumière de l’Évangile au milieu des violences de ce monde qui se retournent bien souvent contre nous. Lui seul donne la force de porter ce «  trésor confié… en des vases d’argile », (2 Co 4, 7).

Ce geste est posé à la suite de la tradition de la Pâque juive. Le Seigneur Jésus prit du pain, prit du fruit de la vigne et de quelques éléments de la nature travaillés par la main de milliers d’hommes et de femmes a fait le signe de sa présence au milieu de nous. Quelle humilité de la part du Seigneur car sans notre travail humain, elle n’existerait pas !

Comme nous y invite Mgr Eric de Moulin Beaufort dans son discours de clôture de la Conférence des évêques (Mars 21) , nous sommes invités à prendre soin de la maison commune en cherchant dès ici-bas à faire les œuvres du Père. L’Eucharistie est l’une d’entre elle… puisqu’ au nom du Christ nous somme invités à Faire mémoire de ce qu’il a fait pour nous. Jésus Christ lui-même a honoré le travail de l’humanité par ce pain et ce vin offert … fruit de la terre et de la vigne devenus par l’Esprit Saint, son corps et son sang ! Prenez et mangez… Prenez et buvez.

Ainsi du lavement des pieds au repas de fête le Salut est offert. Deux gestes qui englobent toute notre humanité.
Il y a là, le geste du « salut par le haut » et le geste du « salut par le bas », c’est le corps tout entier des pieds à la bouche qui reçoit et accueille le Salut obtenu par Jésus dans le sacrifice de sa vie. Voilà ce que la Cène du Jeudi Saint nous invite à célébrer et contempler.

-Voici alors le 3ème geste, la bouchée de pain tendue à Judas.
Il accompagne l’annonce de la trahison de Judas.
Une annonce qui sème le trouble parmi les autres disciples de Jésus. Ils s’inquiètent de savoir de qui il s’agit. Nous ne sommes en effet, qui que nous soyons, jamais certain de notre fidélité. Jésus le désigne par une bouchée offerte à Judas. Les synoptiques écrivent : Celui qui plonge avec moi la main dans le même plat… ce geste peut passer inaperçu. St Luc le situe après l’institution . Judas a donc pris part à la dernière Cène.

Admirons là encore la maîtrise de Jésus au long des heures qui s’enchaînent les unes aux autres.
Il ne fait aucun reproche. Il laisse Judas devant son choix, devant sa liberté… peut-être pense-t-il : il se ressaisira. Tout est encore possible. Car Dieu ne désespère jamais de l’homme… jusqu’au bout il cherche à croiser son regard, un regard plein de tendresse ! Judas s’enfoncera dans la nuit. Il ira jusqu’au Mont des Oliviers lui aussi. Il faisait déjà nuit.

Ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron au jardin des oliviers

Jésus demeure un homme, l’angoisse le reprend. L’évangile écrit :

Maintenant le Fils de l’homme est glorifié
et Dieu est glorifié en lui.

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