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Vigile Pascale 2021 à Vanves

Ce fut une longue, très longue histoire ! Comme une longue veille pour Dieu. Oui pour Dieu qui depuis la nuit des temps attendait ce jour. Les millénaires avaient été comme une nuit sans sommeil … un peu comme lorsque les enfants ne sont pas encore rentrés à la maison. Il les avait cherchés partout… jusqu’en enfer nous disent les Pères de l’Église dès les tout premiers siècles ! Le Fils de Dieu lui-même est allé discuter avec la mort pour lui ordonner de faire sortir tous ceux et celles qu’elle retenait prisonniers
Une longue veille, une longue attente…

Nous avions laissé le Christ sur la croix …
Tout s’était achevé par la mise au tombeau. La pierre roulée avait clos définitivement l’histoire de cet homme. Même les plus courageux étaient rentrés chez eux, la mine défaite. Le ciel s’était assombri… il faisait nuit. Le récit sur Jésus aurait dû s’arrêter là…

Les écrits les plus anciens décrivent le long silence qui suivit ce samedi saint… il ne s’était rien passé sur terre ce jour-là.
C’était le Sabbat, tout s’était arrêté.
Un jour vide, un jour sans vie, un jour et une nuit sans parole.
Dieu s’était tu ; Rien… un jour dont aucun témoin n’a jamais parlé, aucun disciple n’a raconté ce qu’ils firent ce jour-là….
Et pour cause ! Le cri des hurleurs de la veille résonnait encore à leurs oreilles, ils se terraient. Non Je ne connais pas cet homme avait déclaré le plus intrépide d’entre eux à une femme qui l’interrogeait. Pierre… Pierre en larmes… le coq avait si vite chanté !

Heureux coq qui nous réveille et nous replonge dans la mémoire.
Avant que le coq ne chante avait dit Jésus…
C’est ce que nous avons fait ce soir… nous nous sommes plongés dans la mémoire d’Israël… cherchant les failles, cherchant la lumière.
À nos oreilles ont retenti les signes de Dieu au long des siècles _
De la Genèse l’annonce du Messie qui viendrait comme un agneau..
Celui de l’Exode dont le sang protecteur mis sur le linteau des portes avait permis d’échapper aux cyclones de la mort…
Nous avons voyagé avec le peuple à travers le désert, passant de la mer rouge au mont Nébo avec son serpent d’airain – figure du baptême et de Jésus élevé de terre.
Au signe de Jonas enfermé trois jours dans le monstre du péché de fuite… et un 3ème jour il se lèverait du tombeau comme on sort d’une chambre nuptiale après avoir donné la vie… tel que le chantent les matines de Pâques. Tel que le Christ le fera.

Il faudra l’arrivée en terre promise pour comprendre le sens de cet époux du livre d’Isaïe (Is 61) qui se réjouit de l’alliance proposée à l’humanité entière bien au-delà de l’Église.

Longue nuit de veille pour notre Église dont je ne peux détailler tous les hérauts… leurs voix et leurs gestes apparaissent à nos oreilles et à nos yeux dans le petit reste au pied de la Croix. À travers les siècles ils ont été les témoins d’une éternité d’amour dont nous n’avons guère pris la mesure… les milliards d’années qui nous précèdent nous étourdissent. Nous ne comprenons pas le mystère du temps et celui de l’univers. Comment réaliser que notre Dieu est le Seigneur des milliards de galaxie dont nous ignorons tout !

La fin à laquelle nous nous attendions n’est pas une fin dans le temps, comme si Jésus voulait dire «  Je vous ai aimé jusqu’à la fin de ma vie » ! Ce jusqu’à la fin ne veut pas simplement dire qu’il est mort seulement pour les Saints de l’Histoire. C’est une fin qui dure… une fin qui ne s’arrête pas. Le coup de lance a transpercé jusqu’au fond le cœur de Dieu. Il s’est ouvert, personne ne l’a refermé, il coulera jusqu’à ce que l’humanité retrouve sa splendeur première.

À chaque étape de l’histoire sainte que nous venons d’entendre, une fois l’épreuve terminée, les croyants imaginaient être enfin en paix, réconciliés entre eux, réconciliés avec Dieu. Et non ! Tout recommençait : les conflits, les oublis de Dieu. Nous nous rendons compte que la proclamation de la bonne nouvelle ne se capitalise pas comme un héritage que l’on se transmettrait.
Chacun est invité à la faire sienne. Et ce n’est pas facile car cette bonne nouvelle est battue en brèche plus souvent que nous le voudrions par les souffrances que nous provoquons, les blessures que nous recevons, les faux frères ou le silence de Dieu.
C’est pourquoi ce soir encore nous serons invités dans un instant à renouveler notre foi… l’engagement de notre baptême.
La lumière de nos cierges allumés éclairera notre propre histoire par l’amour de Dieu. Comme elle a transfiguré le visage et l’histoire des amis du Seigneur rappelons-nous les paroles chantées par les prophètes dans un psaume : Un moment je t’avais caché ma face. Une mère oublierait-elle son enfant, moi je ne t’oublierai pas. Mon amour est éternel. (Ps 29)

Les quelques femmes, sa mère, le disciple aimé, qui ont eu le courage d’aller jusqu’au pied de la croix nous ouvrent le chemin ; l’audace de Joseph d’Arimathie, alors que Jésus était déjà mort, avait osé aller chez Pilate pour demander le corps ; pharisien, influent et connu l’Évangile par lui nous montre qu’il n’y a pas que les pauvres qui se laissent toucher par Jésus. Il se plait d’ailleurs à souligner que Jésus a été déposé dans le tombeau d’un riche. Il y en eut un autre , Nicodème lui aussi pharisien qui apporta des aromates en quantité …
Le tombeau était dans un jardin… c’est curieux, comme dans la Bible les choses importantes se passent dans un jardin… celui des premiers jours de la création… sera celui de la naissance du nouvel Adam.

Les Pères de l’Église ont chanté ce voyage mystérieux que le Christ Jésus entreprend entre sa mort et sa résurrection. Ils ont représenté sur ces merveilleuses icônes de la résurrection la parenté entre le 1er Adam et le second.
Quelle émotion de voir ainsi le jeune Adam dans sa force première, descendre aux confins de la terre à la recherche du vieil ancêtre .. tout perclus des rhumatismes de l’humanité depuis le commencement du monde ! et qui déplie ce vieux corps tout fripé dont on entend déjà craquer les os qui se rapprochent comme le décrit Ézéchiel avec humour … Il lui porte ce sourire de la Résurrection et l’extirpe de la tombe où il sommeillait pour en faire le premier des sauvés !
Réveille-toi ô toi qui dort… relève-toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera !

Regardez-le, il danse en quelque sorte sur le cadavre de la mort… qui est écrasée par la lourde porte aux gongs arrachés.
Et pour ne pas en rester dans l’impression de légende que suggèrent ces images, les Évangiles nous rapportent l’aventure des femmes .

Seuls les Évangiles marquent ainsi le lien entre leur courage au pied de la Croix et leur présence , les premières au cimetière, alors que le corps a disparu.
Pauvres femmes que personne ne croira, mais qui savent et qui croient…_
- Nous en saurons davantage demain …

- Nous sommes encore en état de veille le jour n’est pas levé…nos cierges brûlent encore car il fait encore nuit…

Pourtant nous avons bravé les ténèbres ! Nous avons pris le feu, le feu qui défie la nuit par sa lumière… Nous avons percé la nuit de notre monastère en signe de défi à toutes les désespérances du monde ; du sépulcre s’est levé pour nous le soleil de l’amour de Dieu . Il est antérieur au soleil.
C’est le cosmos tout entier qui se trouve transfiguré par le courage de la foi qui nous habite… qui éclaire par la sainteté des disciples le ciel, la terre et les enfers.

Le Seigneur murmure à chacun cette parole bouleversante qu’aucune pensée d’homme n’aurait pu imaginer.

Tu sais , je ne t’ai pas créé pour te perdre !



Voici où prend sa source notre joie de croire, au point de n’avoir pas pu attendre l’aube du matin de Pâques…

Christ est ressuscité Alleluia !

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