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5ème dimanche de Pâques – canonisation de Charles de Foucauld

Homélie de Mgr Jacques Turck au monastère Sainte-Bathilde de Vanves le 15 mai 2022

5ème dimanche de Pâques 2022 – Fête de la canonisation de Charles de Foucauld

Après leur long voyage missionnaire Paul et Barnabé revinrent à Antioche d’où ils étaient partis. Ils firent alors mémoire devant toute l’Eglise réunie, de ce que le Seigneur avait fait avec eux.

Aujourd’hui en ce Vème dimanche de la résurrection, mais d’une manière singulière, nous avons les yeux fixé sur ce que le Seigneur fit dans la vie de Charles de Foucauld. La mise en lumière de son itinéraire de sainteté est pour nous la contemplation de ce que le Seigneur fit pour lui et par lui. Il ne s’agit pas de glorifier un homme. Il n’aurait pas du tout aimé cela. Mais de glorifier Dieu à travers son œuvre en cet homme.

Heureuse mémoire qui enfin aboutit plus d’un siècle après sa mort, alors que des générations de chrétiens ont été imprégnées par la figure de cette aventurier du Christ.

Toute ma jeunesse spirituelle, en particulier lorsque j’étais en coopération en Algérie a été marquée, au fil du quotidien par son aventure et ses écrits. Plusieurs grands moments ont complété mon admiration :

– d’abord à la veille de mon ordination, la retraite préparatoire a été prêchée par le Père Voillaume le fondateur des petits frères de Jésus (au cœur des masses)

– puis pour nos 20 ans de sacerdoce nous sommes allés avec quatre amis jusqu’à Tamanrasset et montés à l’AsseKrem…  

– et enfin deux rencontres merveilleuses :  à Hong Kong avec 4 petites sœurs de Jésus qui vivaient sur un sampan au milieu du port … et à Mexico, deux petits frères qui vivaient dans une courée d’un quartier déshérité.     

Faire mémoire de Charles de Foucauld c’est chercher ce que le Seigneur veut nous dire à travers cet homme si fougueux, si impatient de convertir les autres… et dont l’itinéraire a été d’une sinuosité incroyable !

Eternel insatisfait, il fut non seulement insupportable au point qu’il n’aura jamais de disciples de son vivant… il allait de lieu en lieu dans une ambition qui le conduisait à n’être jamais content de l’existence qu’il avait pourtant librement choisie !  Il s’ennuyait en prépa à Ste Geneviève de Versailles, à St Cyr, comme par la suite en garnison, et ne cessait de se faire remarquer dans les soirées mondaines …

Puis un jour, ayant rencontré l’Abbé Huvelin chez sa cousine Marie de Bondy , il voulut comprendre comment il était possible que des personnes intelligentes puissent croire en Dieu. Il lui rendit visite en l’église St Augustin de Paris pour lui demander de l’instruire. La réponse fut : Mettez-vous à genoux. Confessez-vous. Vous croirez…

Tout commença pour lui, par l’accueil de la miséricorde du Seigneur.

A partir de ce moment, ce fut une course folle pour trouver sa place dans l’Eglise et dans le monde !… l’insatisfaction permanente le poursuivait … de la Trappe à Nazareth, … de Nazareth à Béni Abbès… puis chez les Touaregs dont il voulait être le 1er apôtre … et jusqu’à Tamanrasset … voulant toujours plus de solitude, troublée par les visites incessantes : il écrit « les hôtes pauvres, esclaves, visiteurs, ne me laissent pas un moment ; je suis seul pour tous les emplois du couvent ; nous avons…tous les jours des hôtes à souper, coucher, déjeuner,…il y en a eu jusqu’à 11 une nuit… j’ai 60 et 100 visites par jour, bien souvent sinon toujours (Béni Abès 7 févr 1902) . Charles de F. chercher alors un ermitage plus reculé encore et monde sur l’un des sommet les plus haut du Hoggar : l’Assekrem pour y prier seul de temps en temps…

Sans cesse à la recherche de la dernière place… jusqu’à ce que l’Abbé Huvelin qu’il consultait toujours avant de prendre une décision lui fit comprendre que le Seigneur Jésus avait pris cette dernière place et que personne ne pourrait la lui ravir.

Charles de Foucauld, pétri de la lecture des Pères de l’Eglise, connaissait l’exhortation de St Jean Chrysostome : « Tu veux honorer le corps du Christ, commence par rassasier l’affamé ».

Désormais, Charles décide de se laisser déranger. Les heures d’adoration se raccourcissent. Il est mangé par les pauvres qui frappent à sa porte. Il partage tout ce qu’il a dans son petit ermitage de Tamanrasset. Il retrouve la simplicité de l’Evangile qu’il voulait vivre à Nazareth… non seulement se dépouiller de ses biens en les partageant .. ; mais en renonçant à l’idée même de mission qui avait été la sienne – la visée de la conversion. Il Il ne convertira aucun Touareg. Mais il devint leur ami, découvrait de plus en plus la droiture de la foi des musulmans qui l’entouraient.

Aimez-vous les uns les autres, disait l’Evangile il y a un instant- La mission commence par cette amitié. De là un long enfouissement . Être-là , simplement là… sans autre projet que d’être au pied du Seigneur au service des autres. Il ne serait pas l’auteur de la conversion des Touaregs… dont il avait traduit pour eux l’évangile en leur langue après avoir composé un dictionnaire du Touareg qui a fait date.

Il sera témoin de l’une des plaies qui ravage le monde de son époque : l’esclavage. Il en affranchira quelques-uns en les rachetant …

Voilà un bref aperçu de ce disciple de Jésus dont l’Eglise montre aux yeux de tous ce que le Seigneur réalisa pour lui et par lui.

Je voudrais terminer par quelques repères très importants pour notre Eglise et nous chrétiens aujourd’hui :

1/ Charles de Foucauld écrit : « Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres, à me regarder comme leur frère, le frère universel ».Il ne s’agit plus pour lui de « convertir » les autres. « Plus je vais, plus je crois qu’il n’y a pas lieu de chercher à faire des conversions isolées pour le moment .( Fratelli Tutti)

Le temps des conversions est le temps de Dieu et non le nôtre. « J’appartiens à l’Eglise et elle a le temps ! » . Il convient d’entrer dans le temps de Dieu. Il y a dans cette attitude comme un renoncement à une réussite de la mission qui ressemblerait à la réussite mondaine. Y renoncer, c’est signer la vérité de notre suite du Christ. Ceci nous aide à comprendre que c’est toujours à nos yeux que nous échouons. Aux yeux de Dieu il s’agit d’une participation au mystère de la Croix.

2/ La mise en lumière par l’Eglise aujourd’hui de la figure de Charles de F. est d’un importance considérable pour notre relation à l’Islam , notre relation avec les musulmans pour l’époque et l’ambiance dans laquelle nous nous trouvons. Elle est une Invitation à nous demander : qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire de Lui, dans la manière de croire de ces croyants musulmans ?

Rien de notre relation avec eux ne grandira sans que nous ne mettions en lumière le passage par la fraternité… celle que voulue vivre Ch de F. – Celle du fils aîné de la parabole de l’enfant prodigue ou celle de Jésus qui est le Fils aîné de l’humanité voulue par Dieu et le 1er frère universel ! Celle que nous rappelle le Pape François dans Fratelli Tutti !

Des décennies plus tard, le Concile Vatican II soulignera que l’Eglise …ne retire rien des richesses de quelque peuple que ce soit, au contraire, elle sert et assume toutes les richesse, les ressources, les formes de vie des peuples en ce qu’elles ont de bon.. ; elle les purifie, elle les élève.

Ch de F a ouvert ce chemin… sa canonisation devient pour nous une mémoire vive de cette exigence de fraternité, de silence et de prière.

Jacques Turck, le dimanche 15 mai 2022


Charles de Foucauld: l’héritage de l’apôtre des Touaregs en Algérie, Vatican News, Entretien avec Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger

Eglise catholique d’Algérie, Charles de Foucauld, un homme en chemin

Association Famille Spirituelle Charles de Foucauld

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