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P. Serge, Bruno de Montgolfier

« Jésus dit à sa mère : Femme, voici ton fils  » (Jn 19, 26)

 

Chers Amis,

Notre frère Serge, Bruno de Montgolfier

est décédé ce mercredi 15 septembre, fête de Notre Dame des Douleurs, à 17h30, au monastère de Toffo (Benin).

Né le 14 août 1935, à Pélussin (Loire), Bruno est le second de 11 enfants. Son père est ingénieur dans les houillères. A 13 ans, il entre à l’école Ste Marie de la Pierre qui Vire où il fait toute sa scolarité.

En septembre 1954, il commence la formation au noviciat du monastère sous le nom de f. Serge. Il fait profession le 1er  novembre 1955. La formation théologique qui suit est interrompue par le service militaire d’octobre 1958 à février 1961, qu’il accomplit pour bonne part en Algérie. Le 21 mai1961, il prononce ses vœux solennels. Il est ordonné prêtre le 11 mai 1963.

A Pâques 1964, il est envoyé soutenir la récente fondation de la Bouenza au Congo Brazzaville. D’abord maitre des novices, il devient prieur en mars 1974 et le demeure jusqu’en 1984. Il est ensuite économe.

En janvier 1992, il vit un réel dépouillement lorsqu’il rejoint la nouvelle mission qui l’attend : celle d’aumônier auprès des sœurs de Toffo au Bénin. Là, à travers le service de l’eucharistie, du sacrement de la réconciliation, par son écoute aussi, il apporte un profond soutien spirituel à la Communauté  et aux frères du Monastère du Mont Thabor à Hèkanmè entre 2005 et 2010. Peu à peu beaucoup d’hôtes et de prêtres viennent trouver auprès de lui une parole de réconfort. Ses aptitudes techniques sont précieuses pour dépanner, mais aussi former aux divers entretiens de matériel. Sensible aux situations de pauvreté de la région, il prend une part active dans le développement d’un dispensaire.

Alleluia était un mot qui revenait souvent sur ses lèvres. L’espérance en la victoire du Christ sur la mort l’habitait et lui faisait toujours regarder du bon côté les détresses rencontrées chez les autres comme les difficultés plus personnelles. La prière l’habitait et nourrissait sa disponibilité paisible aux autres.

Nous confions notre frère à la prière de tous, alors qu’il sera inhumé en terre béninoise au cimetière du Monastère de Toffo ce lundi 20 septembre 2021.
Père Luc CORNUAU, Abbé

Comment un moine enfermé, sensé entièrement adonné à la prière peut-il devenir un « Missionnaire Hors les murs » et donner une réponse active et apostolique au besoin de la population ?

Un « moine missionnaire »

Contemplation et action sont commes les deux ailes qui permettent à l’âme humaine de s’élever vers les hauteurs de la sainteté. En effet, contempler c’est bien agir et agir bien, c’est avoir bien contemplé. Dans la spiritualité chrétienne, cette cohésion entre les deux forme de vie que sont la vie contemplative et la vie active est généralement rattachée aux figures évangéliques de Marthe et de Marie visitées par Jésus (cf Luc  10, 38 – 42).  Elle est également remarquable dans la célèbre maxime de Saint Benoît de Nursie (+547) :  » Ora et Labora (Prie et Travaille). » Prie en travaillant et travaille en priant. En somme, fait de ton travail une prière.
                                                   Abbé Elisée Dah, journal La croix du Bénin, n°1676

Le Père Serge de Montgolfier dans sa vie monastique s’est paré de ces deux ailes en devenant un « Moine Missionnaire » à l’instar de Sainte Thérèse de Lisieux reconnue comme patronne des missions  malgré son cloisonnement au Carmel. L’expérience missionnaire du Père Serge de Montgolfier illustre indéniablement que la vie contemplative est dondement de toute vie active enrichissante et fertile. Cette fertilité de sa vie est rendue d’autant plus éclatante par la fondation du Centre médico-social Saint Raphaël Archange de Takon qu’il a su ériger malgré les exigences liées à son état de vie.

           Un parcours atypique
Une année après la naissance au Ciel (15 septembre 2021-2022), le parcours si riche du Père Serge de Montgolfier  ne cesse de nous frapper à la fois d’étonnement et d’émerveillement. Revivre son parcours atypique à travers cette oeuvre qu’il a su initier  est une occasion pour nous de bénir Dieu en ses anges et en ses saints.
Situé dans l’arrondissement d’Agué à environ 9 km de l’église paroissiale Saint-Benoît de Toffo dans la commune de Toffo, le centre médico-social Saint Raphaël Archange de Takon est un centre de santé à vocation humanitaire qui compte  déjà plus de deux décennies de présence dans la région.

En effet, ayant constaté avec amertume la situation de précarité profonde dans laquelle vivaient les habitants de Takon, notamment dans l’accès aux soins, le Père de Montgolfier, de vénérée mémoire, à la demande la population au cours d’un rassemblement, décida de mettre en place depuis son monastère, à partir du mois de mai 1999, un centre pour soigner les habitants.

Ce centre pourrait apporter une certaine bouée d’oxygène aux villageois qui devraient parcourir de longues distances pour se faire soigner ou pour accoucher. En relation avec ses amis lointains et proches, le Père Serge mit au service de la population les biens qu’il recevait, rendant ainsi presque gratuit l’accès aux soins aux habitants.
Dirigé par des laïcs, à  ses débuts, le centre fut octroyé en mars 2020 par son fondateur à l’Institut des Soeurs Franciscaines Filles de Padre Pio pour la pérennisation de son oeuvre. Il comportait dès l’entame, deux services principaux que sont le dispensaire et la maternité, et possédait ainsi le statut d’un cabinet de soins.

Avec les nouvelles réformes et grâce à la présence d’une soeur médecin qui y intervient, le Centre est devenu un Centre de Santé à vocation humanitaire à la hauteur d’une clinique. Compte tenu du changement de statut, plusieurs services furent ajoutés aux anciens tels que la médecine générale, la pédiatrie, la gestion des personnes mal nourries, la vaccination, l’assistance sociale et l’échographie.
Les divers services offerts dans le centre sont principalement orientés vers les petites gens n’ayant pas bien souvent les moyens de rembourser leur traitement. pour maintenir le centre dans cette voction caritative, le Père Serge a voulu que les soins soient presque gratuits, tout en insistant qu’ils doivent toujours passer en premier avant les diversesdépenses. Dans cette optique, la règle d’or est de s’occuper d’abord des patients avant de leur parler d’un quelconque paiement. Ainsi, par rapport aux autres centres de santé, celui de Saint Raphaël Archange se distingua très tôt en trois points, qui sont les marques que le Père Serge a voulu dès le départ imprimer à l’oeuvre.

                           Le personnel au travail
Au coeur de ce don de soi pour le bien-être des autres, la joie immédiate du personnel est de contrivuer à l’épanouissement d’une population vraiment marginalisée, et de voir des patients guéris revenir rendre grâce à Dieu pour ses merveilles, surtout après plusieurs mois d’attentes et plusieurs tentatives infructueuses dans d’autres centres. Ce sont autant de joies qui permettent au personnel soignant de supporter les difficultés de chaque jour.
Aujourd’hui, le centre est confronté à quatre difficultés  majeures que sont l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’autonomie et l’infrastructure. Nous pourrons aussi relever l’accès difficile par la route en raison de l’état défectueux de la voie ainsi que le manque de moyen, pour accompagner réellement la population qui a besoin fortement d’être soutenue. Ce manque avait été longtemps comblé par le Père Serge lui-même qui apportait sa forte contributon à l’avancée de l’oeuvre, tout en entretenant une relation empreinte de respect envers le personnel soigneant et les malades.

1. La prise en charge du patient doit être immédiate dès sa venue, sans aucune considération de sa capacité financière à rembourser les dépense effectuées pour ses soins.

2. L’accueil des patients occupe une place prépondérante, car toute personne venant dans ce centre doit se sentir aimée et acceptée telle qu’elle est.

3. La présence des Soeurs dans le centre permet de voir en chaque patient venu, la personne du Christ souffrant.


Travailler dans cet esprit initié par le Père Serge de Montgolfier permet au personnel soignant de se savoir porté par le Christ qui les envoie en mission tout en fructifiant l’oeuvre de leurs mains.

 

Les Soeurs Franciscaines Filles de Padre Pio en habits roses pour les fêtes

            Le personnel soignant avant l’arrivée des Soeurs

Le Père Serge entretenait une relation des plus cordiales avec le personnel soignant du centre. Il aimait bien souvent que le personnel puisse passer le saluer au monastère, et ces visites constituaient des creusets essentiels pour lui d’avoir une idée sur l’avancée du Centre selon le plan initial. Il a été et demeure pour le personnel, le Père attentif à tous et voulait que cela soit réellement transmis aux Soeurs qui avaient en charge la gestion dudit centre.

Les moines et moniales de la sous-région visitent le dispensaire

            La miséricorde
confronté parfois à des fautes graves du personnel, il disait souvent : « Accompagnez seulement, accompagnez seulement », mettant ainsi en avant la règle de la miséricorde. Cette proximité avec tous faisait qu’il était considéré à juste tivre comme « un père pour tous », puisqu’il entretenait une relation privilégiée avec chaque individu, comme s’il était l’unique. Cette ouverture à tous ne tarda pas à bâtir une forte relation entre le monastère où il résidait, et le dispensaire. Ainsi, grâce au Père Serge, une relation fraternelle de sollicitude et d’entraide mutuelle s’est vite établie entre les Soeurs de Padre Pio  en charge du centre depuis peu, et les moniales Bénédictines de Sainte Bathilde de Vanves du monastère Saint-Joseph de Toffo.

Brigitte, américaine et membre du Corps de la Paix, vient passer un long séjour sur le site du dispensaire.

        La pâque du feu Père Serge
En apprenant la triste nouvelle de son départ inattenu, la population de Takon bénéficiaire des nombreuses largesses du Père Serge, fut très éprouvée par la disparition de ce saint homme. Le personnel du Centre le fut également, perdant celui qui était pour chacun un père plein d’attention.

                   Bénédiction d’un nouveau-né au Centre 

L’évolution de l’oeuvre aujourd’hui

Ce fut un grand vide qu’il laissa à sa mort, lui qui désirait de toutes ses forces cette rencontre en face-à-face avec le Maître. Malgré les difficultés rencontrées depuis son départ vers la patrie céleste, le centre continue d’avancer avec pleine confiance, car il dispose désormais d’un digne intercesseur auprès de Dieu en la qualité d son fondateur.
Le centre continue donc de se perfectionner pour maintenir la ligne de conduite laissée par le Père Serge de son vivant. Beaucoup d’aménagements sont mis en place pour une meilleure prestation. Ainsi l’oeuvre missionnaire du Père Serge continue de le rappeler à la mémoire collective, surtout cexu qui l’ont connu et aimé.

A Dieu la gloire dans les siècles !