Participer

Soeur Marie-Liesse

Notre Sœur Marie-Liesse (Françoise BECQUET)

Née le 3 août 1936

Profession perpétuelle le 31 mai 1977

a accompli sa Pâque subitement, ce mercredi 11 avril 2018, dans la joie de la Résurrection que nous célébrons en ce temps pascal.

   Au soir du 11 avril, discrètement, notre sœur nous a quittées pour la liesse du Royaume.

elle a accompli sa Pâque subitement, ce mercredi 11 avril 2018, dans la joie de la Résurrection que nous célébrons en ce temps pascal.

 Tout en respectant sa volonté de garder la discrétion sur sa vie écoulée, comment ne pas rendre grâce pour la fécondité de cette vie offerte dans le don de soi et la joie du service ? Cette joie résonnait dans son nom, dans son sourire et ses yeux pétillants.

  Sa fécondité s’est particulièrement déployée dans les liens œcuméniques avec sa participation à la fraternité œcuménique d’Etoy, en Suisse (dans les années 1980) et aussi dans son service comme cellérière et économe de congrégation durant de longues années.

Aux 40 ans de notre présence à Martigné, soeur Marie-Liesse raconte :

ETOY….

             Un petit village de la campagne vaudoise, au milieu des vignes, entre Genève et Lausanne, dominant le Lac Léman. Un clocher pointu, qui a bravé les siècles, passant des chanoines du Grand Saint Bernard à la Réforme (avec des cloches électrifiées par Bodet-Trémentines), une institution l’Espérance accueillant des personnes handicapées, une paroisse réformée vivante.

            Un médecin catholique, le Dr de Mestral hérite d’une grande maison située près de l’Eglise et qui se trouve inoccupée. Avec sa femme, ils décident de faire de cette maison un lieu de prière pour l’Unité, cette intention leur tenant particulièrement à cœur, s’appuyant sur Jn 17,21 : « Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». En accord avec les autorités des Eglises : l’Eglise Réformée du canton de Vaud et Mgr Mamie, évêque de Fribourg, Lausanne, Genève, ils cherchent des communautés protestantes et catholiques désireuses de prier pour l’unité des chrétiens. Les Diaconesses de St Loup (Suisse) sont partie prenante du projet ; une série de circonstances conduisent les de Mestral à s’adresser à la France et c’est ainsi que les Diaconesses de Versailles et la Communauté de Martigné sont sollicitées. Ce projet, dans la droite ligne des intuitions de notre Mère Fondatrice, nous séduit, mais nous sommes si peu nombreuses. Des rencontres de connaissance réciproque, de mise en place du projet s’élaborent au long de l’année 76 et, fin 76, alors que nous ne sommes que 20, deux soeurs Sr Jacques et Sr Odile sont directement engagées avec deux diaconesses de St Loup, Sr Germaine et Sr Marie-Madeleine et une diaconesse de Versailles, Sr Claude. Les soeurs sont soutenues par leurs communautés respectives et, s’il y a une Fraternité des Soeurs, il y a aussi , à un autre niveau, une Fraternité des Supérieures des trois communautés représentées. Les Soeurs se sont installées dans cette maison, à Etoy, le 21 février 1977 pour l’entrée en Carême et l’accueil du village a toujours été marqué d’attention, de respect et de beaucoup de sympathie, peut-être même plus vis à vis des Soeurs catholiques que des Soeurs protestantes.

Que vivions-nous ? Très humblement, très simplement, une présence de prière dans ce petit village où les catholiques, auparavant, étaient peu connus, respectés certes, mais pas toujours désirés. Nous vivions l’Office – et il était rare qu’il n’y ait personne,- une vie fraternelle exigeante car nous n’étions que 5 avec des traditions différentes, et l’accueil de groupes ou de personnes individuelles. La grande souffrance a été l’Eucharistie que nous ne pouvions partager, car si nous priions pour l’Unité de nos Eglises, nous n’anticipions pas sur ce que vivent nos Eglises. Mais dans la simplicité du quotidien nous faisions tout ce qui était possible et notre vie de prière toujours ouverte était ce rappel, cet appel à l’Unité. Deux pasteurs et deux prêtres nous ont accompagnées et aidées à réfléchir, à approfondir notre foi, à faire les mises au point nécessaires.

Au cours des ans, les Soeurs ont été appelées à être remplacées et quitter ce lieu et cette mission n’ont jamais été faciles.

Et pourquoi avons-nous été amenées à partir en 1992 après 15 années ?

Nos communautés vieillissent et nous ne pouvions plus assurer une présence tant du côté catholique que du côté protestant. Ce n’est pas sans déchirement qu’il a fallu fermer la Fraternité d’Etoy. Mais, en fait, est-elle fermée ? L’Unité est un don de Dieu que nous avons à recevoir selon son dessein, et notre prière, ici ou à Etoy, sera toujours de supplier le Seigneur de nous accorder à son désir.

            Le village reste très ouvert, très disponible à cet appel à l’Unité des chrétiens. Nos trois communautés de St Loup, Versailles et Martigné approfondissent leurs liens au long des années et c’est pourquoi je considère ce vécu d’Etoy comme une pierre d’attente sur ce chemin de « l’unité parfaite » que nous demandons à chaque Eucharistie avant la communion.

   Son goût communicatif de la liturgie lui faisait « ne rien préférer à l’office divin ».

    Sa sépulture a eu lieu le samedi 14 avril à 11h ; elle a été inhumée dans le cimetière du monastère à la suite de la célébration.

Mot de Mère Céline aux obsèques :

Chère Sœur Marie-Liesse,

    Comment tenir ensemble le respect de ta volonté de ne pas te mettre en avant et notre désir de t’exprimer notre reconnaissance pour tout ce que tu as été pour nous, ta famille, ta communauté et tes amis ? Pas facile ! Tu as su entretenir les liens du cœur : avec ta famille dont tu es restée toujours proche, avec tes amis du groupe de l’aumônerie qui ont manifesté leur émotion à la nouvelle de ton départ, avec tes collègues de travail comme ingénieur informaticienne du temps des tout premiers ordinateurs, avec tes connaissances d’Etoy, belle aventure de l’œcuménisme dont nous bénéficions encore aujourd’hui, avec les moines et les moniales que tu as côtoyé à Igny, en congrégation ou aux sessions des cellériers… et bien d’autres encore… Peut-être ton sourire et les yeux pétillants relevés par nombre de témoignages, non sans aussi une pointe d’humour, ont facilité cette fidélité de la relation. Mais il ne faut pas occulter aussi l’épreuve, les épreuves que tu as pu traverser avec une vraie foi. Tu me disais, ces derniers temps, être marquée par les Psaumes qui parlent du « souffle », toi qui avait du mal à trouver ton souffle. Comment ne pas prier avec toi, le Psaume 142 : « Le souffle en moi s’épuise, mon cœur au fond de moi s’épouvante. Vite, réponds-moi, Seigneur : je suis à bout de souffle ! Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines. » Oui, que le souffle de l’Esprit t’emmène jusqu’aux sommets de la vie éternelle ! Un Père que tu connaissais bien m’a écrit, hier : « Certes je connaissais la fragilité de notre chère Soeur Marie-Liesse, mais elle était « fragile » depuis si longtemps et son aveu de faiblesse était accompagné d’un sourire si lumineux que je ne pensais pas que l’évènement, à la fois redouté en son corps et espéré par toute la force de sa Foi, surviendrait ainsi. Que les larmes se transforment, comme dans le psaume, en « cris de joie ». Voici que soeur Marie-Liesse est entrée dans la Vérité de son Nom. » Et le Père Bernard Ducruet, disait dans l’homélie de ta profession perpétuelle : « Sœur Marie-Liesse, l’orientation fondamentale de notre vie monastique et chrétienne c’est la JOIE. Le moine vit dans la joie, sans excès et sans envie, dans une joie qui entretient celle des autres. Sa joie terrestre est nourrie et abreuvée de sa joie divine. La joie, c’est l’élément essentiel de notre Foi. Elle est si profondément enfouie dans la Foi qu’elle existe même là où nous ne la percevons plus » Que la Résurrection du Christ à laquelle tu participes désormais soit notre JOIE ! Merci pour cette joie partagée.